CITADELLE DE HANOÏ, COMBATS DES 9 ET 10 MARS 1945


Promotions et récompenses

Légion d'honneur
Après la reddition de la citadelle, le lieutenant Pierre MILLOUR, blessé au cou lors de la contre-attaque du 10 mars, est détenu dans cette même citadelle. A partir du 5 août 1945, et ce jusqu'au 4 septembre 1945, il est interné au camp de travail du Tam Dao. Son comportement lors des combats des 9 et 10 mars lui vaut d'être cité à l'ordre de l'armée (J.O. du 7 juillet 1946 ; décret du 13 juin 1946) :

MILLOUR Pierre, lieutenant du 9e RIC :

Dans la nuit du 9 au 10 mars 1945, n’a pas hésité à traverser les lignes japonaises, malgré la fusillade pour venir prendre son poste de combat à la citadelle de Hanoï. A participé activement à la mise en place du dispositif et à la défense au cours de la nuit. A occupé au cours de la contre-attaque du lendemain un point particulièrement exposé. A fait preuve du plus grand dévouement et de crânerie pendant toute l’action.

Citation comportant l’attribution de la croix de guerre avec palme et le grade de chevalier de la Légion d’honneur à titre exceptionnel.

Dans ce même décret du 13 juin 1946, neuf autres combattants de la citadelle sont cités à l'ordre de l'armée et promus dans l'ordre national de la Légion d'honneur :

CADOUX Pierre, lieutenant-colonel du 4e RAC :

Officier supérieur de premier ordre, calme et brave, commandant de la défense du quartier nord, lors de l'attaque japonaise de la citadelle de Hanoï, les 9 et 10 mars 1945, faisant preuve d'un grand sang froid et méprisant le danger, a su utiliser au maximum les moyens mis à sa disposition, repoussant plusieurs fois l'assaillant avec de lourdes pertes. Avec un esprit de décision remarquable, a contre-attaqué et rejeté l'ennemi sur ses bases de départ. A conservé l'intégrité de son quartier jusqu'au dernier coup de feu.


LEFÈBVRE d'ARGENCÉ Marc, lieutenant-colonel du 4e RAC :

Officier supérieur ayant montré le plus complet mépris du danger. A pris une part active à la défense de la citadelle de Hanoï, les 9 et 10 mars 1945, entraînant brillamment sa troupe dans plusieurs contre-attaques. A maintenu, malgré l'acharnement d'un ennemi nombreux et bien armé, l'intégrité du sous-quartier qui lui avait été confié. A donné l'exemple du calme et du courage dans la défense d'une brèche plusieurs fois attaquée et constamment battue par un feu ennemi.


LE SAOUT Stanislas, capitaine du 1er RTT :

Adjoint au chef de détachement du 1er tonkinois, lors de l'attaque japonaise par surprise de Hanoï, le 9 mars 1945, s'est immédiatement porté sur divers points menacés pour vérifier et assurer la mise en place du dispositif de défense. A fait preuve d'initiative et de courage en organisant sous le feu divers noyaux de résistance improvisés pour enrayer et bloquer la progression de l'ennemi à l'intérieur du quartier. Ayant reçu le commandement d'un îlot important, a réussi à dissocier plusieurs poussées japonaises malgré les pertes élevées subies par son effectif. A assuré à plusieurs reprises des liaisons dangereuses et s'est fait remarqué par son absolu mépris du danger et de réelles qualités de commandement, malgré l'âpreté et les fatigues d'un combat incessant mené sans arrêt de jour et de nuit pendant plus de vingt heures.


LOUBATON Robert, capitaine de l'état-major de la défense passive :

Rentré au quartier en civil le 10 mars 1945, et bien que n'ayant aucune mission, s'est joint à la contre-attaque du 9e régiment d'infanterie coloniale, à la citadelle de Hanoï. A entraîné les éléments qui se sont emparés d'une position occupée par un ennemi tenace et a contribué par sa bravoure souriante au succès de ce mouvement offensif. A été blessé grièvement par de multiples éclats de grenade.


JACOBI Paul, chef de bataillon du 9e RIC :

Lors de l'attaque japonaise de la citadelle de Hanoï, les 9 et 10 mars 1945, a du prendre à l'improviste le commandement du sous-quartier sud-est, avec les unités du 9e régiment d'infanterie coloniale. Exemple de bravoure et de sang-froid, a su résister pendant 20 heures aux attaques répétées d'un ennemi très supérieur en nombre, parvenant même parfois à le rejeter sur ses bases de départ par des contre-attaques énergiques. A été blessé à deux reprises par éclat d'obus et de grenades et à chaque fois, a repris le commandement aussitôt après avoir reçu les premiers soins.


BIDEAU James, lieutenant du Détachement motorisé du Tonkin :

Commandant du DMT, se trouvait en ville au moment de l'attaque japonaise du 9 mars 1945, a montré un sens élevé du devoir et a rejoint son poste à la citadelle de Hanoï en traversant les lignes japonaises en dépit du danger. A eu son personnel bien en mains pendant la nuit et la première contre-attaque. Ayant été amené après cette dernière opération à le disperser pour le combat à pied, s'est personnellement joint, armé d'une mitraillette, aux éléments de contre-attaque. A montré de belles qualités de courage et de calme et a servi d'exemple à ceux qui l'entouraient.


LONGEPIERRE Raymond, chef d'escadron du 4e RAC :

Officier courageux qui a montré, au cours de l'attaque de la citadelle de Hanoï, les 9 et 10 mars 1945, les plus belles qualités militaires, courage et mépris du danger. Commandant d'un sous-quartier, a contre-attaqué violemment l'ennemi et lui a causé des pertes sérieuses. A maintenu l'intégrité du terrain qui lui avait été confié. A été un bel exemple pour toute sa troupe.


ROUDIER Georges, lieutenant de la Compagnie des télégraphistes coloniaux :

Jeune et brillant commandant de compagnie. A donné la mesure de son courage et de son sang froid pendant la nuit du 9 mars 1945, tant pour rejoindre le quartier Balny-Davricourt, à Hanoï, en forçant au péril de sa vie les barrages japonais, que dans la défense même du quartier où il a pris une part personnelle particulièrement brillante. Armé d'une mitraillette, s'est opposé isolément à l'avance des troupes japonaises à l'intérieur du quartier. Blessé d'un coup de baïonnette à la poitrine, a simulé la mort en conservant son arme. A profité d'un moment d'inattention de l'ennemi pour envoyer une dernière rafale de son arme automatique, tuant deux soldats japonais occupés à mettre une mitrailleuse en batterie contre nos troupes. A été mis définitivement hors de combat par un coup de feu tiré presque à bout portant qui lui brisa le bras droit, dont il dut par la suite subir l'amputation.


CHAMPENOIS Gaston, adjudant-chef du 9e RIC :

Surpris à son domicile lors de l'attaque du 9 mars 1945, n'a pas hésité à traverser les lignes japonaises pour venir prendre son poste de combat à la citadelle de Hanoï. Placé à la porte est, le point le plus violemment bombardé du quartier, a fait montre des plus belles qualités de calme et de courage et, malgré les pertes très nombreuses, a su maintenir un moral élevé parmi les hommes qui l'entouraient. A été gravement blessé par éclats de mortiers. 


Une petite dizaine d'autres combattants de la citadelle ont également été promus dans l'ordre national de la Légion d'honneur, mais à des dates différentes. Le chef de bataillon Jean DUMAINE, du 1er RTT,  et le capitaine Jean-Paul OMESSA, du 9e RIC, ont notamment été élevés au grade de commandeur de la Légion d’honneur (à une date inconnue pour DUMAINE, par décret du 27 septembre 1946 pour OMESSA). Il semble également que le lieutenant-colonel Raymond GAUTHIER, de l'état-major de l'artillerie, ait été élevé au grade d'officier.

OMESSA (Jean-Paul), capitaine du 9e RIC : 

Commandant le sous-quartier A (caserne du 9e RIC) lors de l'attaque déclenchée par surprise par les Japonais contre la citadelle de Hanoï, le 9 mars 1945, a fait preuve, dans la mise sur pied de la défense et dans la conduite du combat, de très hautes qualités militaires. Agissant avec une maîtrise admirable, une bravoure tranquille, un complet mépris du danger, s'est montré, en même temps qu'un chef avisé, un merveilleux entraîneur d'hommes. A été l'un des principaux artisans de la belle résistance opposée aux agresseurs.

En 1947, les capitaines Paul BEAUVAIS, Robert BONIN, Robert MORISSE et le lieutenant Fernand COSTES, tous les quatre exécutés par les Japonais le 11 mars 1945 après avoir été faits prisonniers, feront l'objet d'une nomination à titre posthume dans l'ordre de la Légion d'honneur. La citation à l’ordre de l'armée accompagnant cette nomination précise « qu’ils ont été lâchement assassinés par un adversaire sans honneur auquel ils refusaient de donner les renseignements qui leur étaient demandés ».



Médaille militaire
A l'issue des combats, l'attribution de trente-et-une médailles militaires ont été demandées par le général MASSIMI, vingt-trois à titre normal et huit à titre posthume. Ces concessions de la médaille militaire comportent l'attribution de la croix de guerre 1939-1945 avec palme. A noter que la liste que nous avons pu consulter ne mentionne que des militaires européens et aucun tirailleurs indochinois. Cela est également vrai pour les autres récompenses.

BROTTO Édouard, 1re classe du 5e REI :

Vieux légionnaire brave au feu. Au cours de l'attaque japonaise de la citadelle de Hanoï, les 9 et 10 mars 1945, grenadier VB, a combattu avec opiniâtreté, provoquant l'admiration de ses camarades. A été grièvement blessé par balle, blessure qui a entraîné la perte de l’œil gauche.


FAUVEL Pierre, maréchal-des-logis du 4e RAC :

Sous-officier plein d'allant. S'est distingué par son ardeur et son courage, le 9 mars 1945, lors de l'attaque japonaise de la citadelle de Hanoï. Volontaire pour une reconnaissance dangereuse, a participé, quelques heures après, à la contre-attaque du 10 mars 1945. A ravitaillé une pièce avancée sous le feu de l'ennemi.


MARX Otton, soldat du 9e RIC :

Lors de l'attaque japonaise de la citadelle de Hanoï, les  9 et 10 mars 1945, tireur au fusil-mitrailleur placé pour la défense d'une brèche, a fait preuve d'un courage frisant la témérité et a repoussé toutes les tentatives d'attaque ennemies. A eu successivement en ses mains trois armes automatiques qui ont toutes les trois été endommagées. S'apprêtant à mettre une quatrième arme automatique en œuvre quand il a été blessé par éclat de grenade. A fait l'admiration de ses camarades.



Citations à l'ordre de l'armée
Une soixantaine de citations à l'ordre de l'armée ont été proposées par le général MASSIMI, dont une vingtaine à titre posthume. Ces citations comportent l'attribution de la croix de guerre 1939-1945 avec palme. .

ROMAN Max, adjudant du Détachement motorisé de la Légion :

Sous-officier remarquable. Le détachement ayant été privé de son capitaine, a de sa propre initiative organisé la défense, le 9 mars, à Hanoï. Blessé dans la soirée au début de l'action à trois reprises, a continué d'assurer son commandement, donnant ainsi une preuve d'esprit de sacrifice. A de nouveau été grièvement blessé et mis au de combat le lendemain matin alors qu'il entraînait un groupe d'assaut.


GRIMOUT Léon, maréchal-des-logis du 4e RAC :

Excellent chef de pièce de 75, a donné le meilleur exemple à ses hommes. Le 10 mars 1945, à la citadelle de Hanoï, sa pièce étant devenue indisponible, s'est offert pour une contre-attaque en qualité de mitrailleur, a constamment entraîné ses hommes en avant et montré le plus parfait mépris du danger.


LAFABRÈGUE René, sergent du 9e RIC :

Chef d'un blockhaus à effectif réduit, a contribué avec efficacité à enrayer plusieurs poussées ennemies qui tentaient de franchir le mur d'enceinte de la citadelle de Hanoï en menant un combat rapproché à la grenade le 9 mars 1945. A assuré sous le feu la protection d'une pièce de 75 tirant au profit d'un quartier voisin et qui a été menacée d'assaut à plusieurs reprises. A été blessé par balle au moment où, pour mieux voir les assaillants dans l'obscurité, il s'était mis à découvert sur une banquette de tir.



Citations à l'ordre de la division
Environ quatre-vingt-dix citations à l'ordre de la division, comportant l'attribution de la croix de guerre 1939-1945 avec étoile d'argent, ont été proposées par le général MASSIMI.

HÉNAFF, Sébastien, adjudant-chef du 4e RAC :

Le 10 mars 1945, lors de l'attaque de la citadelle de Hanoï, son bâtiment n'ayant pas été l'objet d'une menace directe des troupes japonaises, a rassemblé divers personnels isolés et constitué un groupe de combat à la tête duquel il s'est efforcé  de rejoindre la citadelle encerclée, en s'ouvrant en plein jour un passage par le feu. A été grièvement blessé au moment où il réussissait, sous la protection des feux de la défense, à atteindre l'enceinte du quartier du 1er tonkinois déjà investi par l'ennemi.


Le caporal-chef Maurice BRISSET est décoré à titre posthume de la Croix de guerre avec étoile d'argent le 12 octobre 1946 et de la Médaille militaire le 12 avril 1951.


Citations à l'ordre de la brigade ou du régiment
A l'issue des combats, environ quatre-vingt citations à l'ordre de la brigade et cent vingt à l'ordre du régiment ont été proposées par le général MASSIMI. Elles s'accompagnent  de l'attribution de la croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze.

HÉRAULT Henri, lieutenant du Groupement automobile du Tonkin :

Commandant un groupe de fusiliers et de mitrailleurs au cours des 9 et 10 mars 1945 pour la défense de la citadelle de Hanoï, a fait preuve de belles qualités de sang froid et d'intelligence, repoussant plusieurs tentatives d'infiltration japonaise dans la position qu'il défendait. A, par son exemple, maintenu un moral élevé parmi ses combattants.


BERNARD Pierre, caporal-chef du 9e RIC :

Gradé courageux. Lors de l'attaque japonaise de la citadelle de Hanoï, a participé activement à la défense de la citadelle et a été blessé au cours de l'action.


MAHÉ Joseph, maréchal des Logis du 4e RAC :

Excellent sous-officier calme et courageux. Les 9 et 10 mars 1945 a pris une part active à la défense de la citadelle de Hanoï en dirigeant avec compétence le tir d'armes automatiques.



En 1946, pour sa brillante conduite pendant la durée du conflit, le 9e RIC se voit attribuer la citation à l'ordre de l'armée suivante (décision n°383 parue dans le J.O. du 7 décembre 1946) :

9e RÉGIMENT D'INFANTERIE COLONIALE :

Régiment d'infanterie coloniale dont le passé est lié à l'épopée française du Tonkin. Formé en 1890 par les bataillons d'infanterie de marine, il n'a cessé de représenter, sur la terre d'Asie, les vertus militaires françaises. Depuis 1940, s'est distingué au Cambodge, à Langson, à Nacham, a participé glorieusement les 9 et 10 mars 1945 à la défense de la citadelle de Hanoï ; en mars, avril et mai 1945, à la lutte contre les japonais dans le Haut-Tonkin. A sauvé son drapeau au moment de l'agression japonaise, en mars 1945.

Citation comportant l’attribution de la Croix de guerre avec palme.