Lorsque, à la fin des années 1990, j'ai commencé à m'intéresser au
parcours militaire de mon oncle Maurice, je n'avais quasiment aucune
information. Je savais par mon père qu'en mars 1945, depuis la station
d'altitude du Tam Dao, il avait « pris la brousse » avec un
groupe d'une douzaine de lycéens – dont on ignorait les noms – pour
combattre les Japonais, menés par un de leur professeur, Marcel NER.
Je savais également qu'après être passé en Chine il avait rejoint les
Indes britanniques où il avait suivi une formation de
commando-parachutiste : un chapeau de brousse
« australien », des restes de parachute et un hamac dont la
couche était solidaire d’une tente imperméable aperçus quand j'étais
enfant dans le grenier de mes grands-parents l'attestaient. Je savais
aussi qu'il avait été envoyé en mission au Moyen-Laos sous le
pseudonyme de Michel MOREAU et qu'il y avait combattu aux
côtés du capitaine Léon Henri AYROLLES (SERRES), puisque
celui-ci le mentionne par deux fois son livre L'Indochine ne
répond plus (« ... les jeunes étudiants MORANGE et
MOREAU que le clash japonais a transformé en guerriers »).
Enfin, mon père avait précieusement conservé une lettre griffonnée au
crayon par son frère, écrite à Muong-Phine le 8 décembre 1945 et
sommairement adressée à son père : « Lieutenant
MILLOUR, 9e RIC, Hanoï », dans laquelle il
indiquait que cette mission ne s'était pas déroulé pour le mieux, même
s'il se voulait rassurant.
De recherches fructueuses en rencontres éclairantes, j'ai réussi à
retracer assez finement le parcours de mon oncle sur la période
1945-1946 ; beaucoup plus que je ne l'avais initialement
espéré : ses camarades du lycée Albert Sarraut l'ayant accompagné
sur les pistes de Chine sont désormais connus, la mission à laquelle
il a participé au Laos a également été identifiée – mission Kay 1
du Service Action d'Extrême-Orient – ainsi que 54 de ses 57 membres.
Ces recherches se sont concrétisées, en mars 2020, par la parution aux
éditions Sophia Histoire & Collections d'un livre intitulé Le
Service Action au Laos 1945 – Missions Kay 1 et Kay 2
(du point de vue stratégique, Kay 1 est en effet
indissociable de Kay 2). Pour rédiger cet ouvrage, j'ai
été amené à consulter quantité de documents qui allaient au delà des
seules missions Kay et intéressaient le Service Action
d'Extrême-Orient dans son intégralité, mais également le Détachement
français des Indes (DFI), la French IndoChina Section de la Force
136 britannique (FICS), la Section de liaison française
d'Extrême-Orient (SLFEO) ou la Mission 5 de Kunming.
L'exploitation de ces documents s'est concrétisée par la rédaction
d'un second livre, corédigé avec Gaston ERLOM, et paru aux mêmes
éditions Sophia Histoire & Collections : Le Service Action
d'Extrême-Orient 1944-1945 – Premiers parachutistes en Indochine.
[Réf.1]
[Réf.2]
Mais, bien que ces ouvrages soient déjà
relativement conséquents puisqu'ils comptent chacun plus de 200 pages,
tout n'a pas été dit et de nouvelles informations continuent d'être
découvertes. Il m'a semblé qu'une bonne manière de partager ces
données complémentaires était de les publier sur ce site internet.
Les
dernières modifications apportées, à la date du 01/01/25, sont
indiquées en caractères de couleur rouge. (Lors de la création d'une
nouvelle section, seul son titre est en couleur rouge.)
Le SA au Laos 1945 – Missions Kay
1 et Kay 2
Erratum 1
Sur cette photo, présentée à la
page 43 de [Réf.1], le
troisième officier à partir de la gauche ne serait pas le
sous-lieutenant Max ROGER comme indiqué, mais le lieutenant
Louis-Jacques ROLLET-ANDRIANNE. Cette photo a été prise au
Caire le 1er août 1945 sur le balcon de la
chambre du capitaine Robert BOURCART (à gauche). Arrivés au
Caire à bord du cargo Ville-de-Majunga, BOURCART, DU
PAC DE MARSOULIES (à la gauche de BOURCART),
ROLLET-ANDRIANNE et Max ROGER (absent de la photo)
quitteront Le Caire par hydravion pour Calcutta où ils
amerriront le 13 août.
Erratum 2
Pour une raison qui m'est inconnue, l'insigne du Groupement de guérilla
franco-lao de Savannakhet est présenté dans le livre [Réf.1,
p. 31] avec une symétrie par rapport à l'axe vertical (inversion
de la droite et de la gauche). Le bon insigne est affiché ci-contre.
Membres des commandos Kay 1 et Kay 2
Depuis la parution du livre, de nouveaux
parachutistes ont été identifiés comme ayant fait partie des missions Kay 1
et Kay 2 et, à ce
jour, 54 des 57 parachutistes de Kay 1 et 61 des 64 de Kay 2
ont été identifiés avec certitude :
Jean
LACOSTE-GUIRAUTE ; né le 15 août 1920 à Paris (14e
arrondissement).
Engagé le 9 février 1941 à Paris au titre des transmissions, Jean
LACOSTE-GUIRAUTE arrive au 41e bataillon de transmissions
de Marrakech (Maroc) le 28 février 1941. Il est breveté radio en
septembre de la même année. Le 1er avril 1944, il est
muté au BCRA. Volontaire pour l’Extrême-Orient, il arrive à Calcutta
le 12 novembre 1944 et est affecté au service du chiffre de la SLFEO
avant de passer aux transmissions en juin 1945. Le 23 juin, il
décolle de Jessore avec le groupe du capitaine BEAUMADIER à
destination de Pleiku, dans le Centre-Annam [Réf.2,
p. 120]. Leur mission, une mission de renseignement, est
effectuée non pas au profit de la Force 136 – organisme
dépendant du SOE – comme la grande majorité de celles confiées aux
parachutistes français, mais de l’ISLD (Inter-Services Liaison
Department), la couverture du MI6 au Moyen et Extrême-Orient.
Parachutés par erreur en Thaïlande, LACOSTE-GUIRAUTE et ses
compagnons sont faits prisonniers. Les trois Français du groupe
seront libérés le 27 août et regagneront Calcutta, mais les trois
Indochinois qui les accompagnaient ne semblent plus avoir donné
signe de vie. Pendant sa captivité, LACOSTE-GUIRAUTE a eu quelques
accès de paludisme, mais son état de santé s’étant amélioré il est
jugé apte pour une nouvelle mission et est affecté à Kay 1.
Mi-janvier 1946, alors que la mission est terminée, il est
hospitalisé à Paksé pour de graves crises de paludisme. Évacué sur
Saïgon, le sous-lieutenant Jean LACOSTE-GUIRAUTE décède à l’hôpital
Grall le 31 janvier 1946.
Henri
GANIVET (pseudos : GANDART, GARNER) ;
né
le 25 mai 1921 à Marseille (Bouches-du-Rhône).
Engagé dans l’armée de l’air en août 1939, Henri GANIVET obtient, en
décembre de la même année, le brevet supérieur de mécanicien
radiotélégraphiste. Le 20 octobre 1944, devenu sergent, il est
recruté par la DGER à Avignon et détaché au réseau Jacques de
l’OSS. Après avoir été envoyé en formation en Italie, principalement
à Bari mais également à l’école britannique de parachutage de
Brindisi (cinq sauts effectués entre le 30 octobre et le 5
novembre ; brevet parachutiste militaire n°14153) et à
Rutigliano (école américaine de radio), il est envoyé en mission à
Naples le 5 février 1945. Le 5 mai, GANIVET est rappelé par la DGER
à Paris. Volontaire pour l’Extrême-Orient, il quitte Paris par avion
le 11 septembre 1945 à destination de Calcutta où il atterrit dix
jours plus tard. Du 1er au 15 octobre 1945, il suit à
Jessore un stage de perfectionnement au saut en parachute. Le 20, il
est parachuté à Nakhon Phanom avec la mission Kay 2 en tant
qu’opérateur du poste radio Fresne, station B2 mise à la
disposition du lieutenant TAVERNIER à Thakhek. Détaché au 1er
bataillon de chasseurs laotiens, GANIVET est muté aux Force du Laos
à compter du 1er avril 1946. Le 1er
août, il rejoint Saïgon et est affecté au SDECE. Un mois plus tard,
il est muté à Hanoï au service radio du commissariat de la
République pour le Tonkin, et ce jusqu’en décembre 1947. Il semble
que GANIVET ait ensuite été réaffecté au SDECE et envoyé en mission
en Birmanie. Rapatrié depuis Saïgon le 2 mai 1949 par le paquebot Athos
II, il poursuit sa carrière militaire en France jusqu’en
janvier 1956 et quitte l''armée avec le grade de lieutenant d’active
dans le corps des officiers mécaniciens de l'air. Henri GANIVET est
décédé à Marignane (Bouches-du-Rhône) le 19 mars 2016.
Émile GERMEAUX ; né le
1er octobre 1921 à Châtellerault (Vienne).
Requis par le STO, Émile GERMEAUX fait un
séjour en Allemagne de mars à octobre 1943. De retour en France,
il prend contact avec des réseaux de résistance et, en avril 1944,
il s’engage dans les FFC au titre du Centre d’antenne Acajou
du BCRA (capitaine Paul TROISGROS). Affecté à un emploi sédentaire
dans les bureaux de la DGER à Paris en octobre 1944, il se porte
volontaire en février pour l’Extrême-Orient (chargé de mission de
3e classe). Arrivé à Calcutta le 5 mai 1945, il sera
affecté à la mission Kay 2 et parachuté le 20 octobre 1945
à Nakhon Phanom (brevet parachutiste militaire n°21686). GERMEAUX
participe au combat de Ban Na Muong du 12 novembre 1945 au cours
duquel le capitaine Lucien Paris (Marc DEVAILLY) et le
sous-lieutenant Marcel (Max) ROGER sont tués [Réf.1,
pp. 91-93]. Mission terminée, il arrive à Saïgon le 1er
février 1946 et est rapatrié par le paquebot mixte Espérance le
18 avril 1946. À son arrivée en France, il est démobilisé. Émile
GERMEAUX est décédé à Cognac (Charente) le 10 novembre 1973.
Joseph-Marie
GIACOBBI ; né le 24 juin 1924 à Venaco (Corse).
Joseph-Marie, dit Jorry, GIACOBBI est le fils de Paul
GIACOBBI, ministre du ravitaillement, puis ministre des Colonies du
premier gouvernement du général de Gaulle. Le 14 décembre 1943,
Jorry GIACOBBI s’engage à Ajaccio pour la durée de la guerre
et, le 6 janvier 1944, il formalise à Alger son engagement au titre
d'une unité mécanisée. Quatre jours plus tard, il est dirigé vers le
camp de Témara, au Maroc, pour y rejoindre le Régiment de marche du
Tchad (RMT). Son parcours ultérieur n’est pas clair. A-t-il
effectivement rejoint le RMT ? Toujours est-il qu’il ne gagne
pas l’Angleterre avec la 2e DB : après être
passé par le Centre spécial d’organisation des unités légères
d’assaut et de choc à Alger, il est affecté, le 18 juillet
1944, au 1er Commando de France. Le 9 octobre
1944, il embarque avec celui-ci, toujours à Alger, sur le croiseur Montcalm
et débarque à Toulon le lendemain. Le 1er janvier 1945,
les Commandos de France deviennent le 3e bataillon de
choc. En avril 1945, GIACOBBI fait toujours partie de cette
formation et participe avec elle aux combats dans le sud-ouest de
l’Allemagne, en avant-garde de la 1re Armée. On perd de
nouveau sa trace jusqu’en juillet 1945 où on le retrouve en région
parisienne avec une centaine d’autres agents de la DGER volontaires
pour l’Extrême-Orient, en attente de leur départ pour le centre de
formation de Milton Hall, près de Peterborough en Angleterre. Comme
la majorité de ses compagnons, il a été nommé chargé de mission de 3e classe,
grade propre aux services spéciaux assimilé à celui de
sous-lieutenant. Le 25 juillet 1945, leur détachement embarque au
Havre à destination de Newhaven. Le 1er septembre 1945,
Jorry GIACOBBI quitte Greenock à bord du Johan de Witt[Réf.1, pp. 44-48], débarque à
Bombay le 22 septembre et arrive à Calcutta le 5 octobre. Le 20
octobre 1945, il est parachuté au titre de la mission Kay 2
à Nakhon Phanom, sur la rive thaïlandaise du Mékong, en face de
Thakhek. Mission achevée, GIACOBBI quitte Saïgon le 2 février
1946 par voie aérienne – et non pas par voie maritime comme on s'y
serait attendu pour un sous-lieutenant, faveur probablement due à
son statut de fils de ministre. Arrivé à Paris le 20 février
1946, il est démobilisé le 13 mars. Joseph-Marie GIACOBBI est décédé
à Versailles (Yvelines) le 11 décembre 1969.
Roger HAM
[et non pas « HAMM » comme mentionné dans le livre] ;
date et lieu de naissance inconnus.
Le sous-lieutenant radio Roger Albert HAM arrive à Calcutta le 26
septembre 1945. Affecté à la mission Kay 2, il
participe avec le groupe du lieutenant DISCHAMPS au combat de Ban Na
Muong du 12 novembre 1945 [Réf.1,
pp. 91-93]. Tombé malade, HAM, qui a refusé de quitter
ses camarades, doit finalement être évacué. Guéri, il demande à
rejoindre un groupe de combat et est tué le 21 mars 1946 lors de la
prise de Thakhek [Réf.1, p. 163].
Son corps a été enterré au cimetière de Thakhek avant d'être
transféré au cimetière militaire français de Vientiane où sa tombe
est toujours visible.
Maurice
MARTIN (pseudo : Marc CARRIGNAN, alias : Robert,
Grand) ; né le 23 août 1922 à Alfortville
(Val-de-Marne).
Après avoir suivi les cours des lycées
Lakanal et Henri IV à Paris, Maurice MARTIN obtient ses deux
bacs en 1940 et 1942. Le 20 juin 1943, il s’engage pour la durée de
la guerre au titre du réseau Action-Transmissions des FFC
(agent P2, chargé de mission de 5e classe assimilé au
grade de sergent-chef). Au cours de l’une de ses missions en tant
qu’agent de liaison, il rencontre Henri FILLE-LAMBIE, alias Jean-Michel.
Après la libération du territoire français, il est affecté à la
DGER, à Paris, où il se retrouve bientôt sans activité. Ayant appris
que FILLE-LAMBIE, sous le pseudonyme de Jacques MORLANNE,
devait partir en mission en Extrême-Orient, il demande à
l’accompagner. Le sous-lieutenant MARTIN n’arrivera en fait en Inde
à bord du Johan de Witt[Réf.1,
pp. 44-48] que le 22 septembre 1945, soit trois mois
après MORLANNE. Affecté à la mission Kay 2, il
est parachuté en Thaïlande, en face de Thakhek, le 23 octobre
1945. [Un autre document indique qu’il aurait été parachuté le
11 octobre 1945 et aurait donc fait partie, non pas de Kay 2,
mais de Kay 1. Le doute subsiste.] Après un mois
d’opérations, souffrant de paludisme, il doit être évacué sur
l’hôpital de Bangkok. Guéri, il demande à rejoindre son unité et est
parachuté au Laos le 20 février 1946. Le 1er avril,
il est muté aux Forces du Laos, puis, le 8 juin, au Groupement
des écoutes radioélectriques d'Indochine (GERI). Démobilisé sur
place en novembre 1946, il commence une carrière de journaliste à
l’hebdomadaire Paris-Saïgon, puis à Hanoï comme
correspondant de France-Soir. Le 15 février 1947, alors
qu’il suivait un groupe de combat lancé dans une attaque rue des
Tubercules, à proximité du marché couvert du quartier
sino-vietnamien, Maurice MARTIN est atteint par une balle. Le père
aumônier du 1er régiment de chasseurs se porte à son
aide avec deux hommes et un brancard, mais, alors qu'ils sont en
train d'évacuer le blessé, l'aumônier accroche du pied un fil de fer
relié à un obus de mortier piégé. L’ecclésiastique tombe à son tour
blessé tandis que MARTIN, de nouveau touché, succombe immédiatement.
Georges
ROUOT ; né le 10 février 1922 à Sémilly (Haute-Marne).
Le brevet militaire de parachutiste n°4855 a
été attribué, à la date du 26 octobre 1945, à un aspirant de la DGER
(chargé de mission de 3e classe) dénommé Georges ROUOT.
Le parachutage validant ce brevet a très certainement été effectué
au titre de la mission Kay 2, même si la date est
incorrecte de quelques jours – le dernier largage de parachutistes
pour cette mission a en effet eu lieu le 23 octobre, mais de légères
erreurs dans les dates des états de service et autres documents
similaires sont relativement courantes. On sait en effet qu’en août
1945, un lieutenant ou sous-lieutenant ROUOT faisait partie de la
mission Picardie de la Mission militaire française en Chine
(sur la frontière sino-tonkinoise, en face du 2e
territoire militaire) et qu'il sera, quelques mois plus tard, au
Laos avec des parachutistes de Kay 2. Sans qu’il y ait
de certitude, ce Georges ROUOT est très probablement l’aspirant du
même nom, né le 10 février 1922 à Sémilly, qui a rallié les Forces
française libres à Casablanca (Maroc) le 8 mai 1943. Celui-ci est
décédé à Clamart (Hauts-de-Seine) le 13 novembre 1997.
Georges
SABATIÉ ; né le 25 janvier 1919 à Mazamet (Tarn).
On savait, qu'après être arrivé en Inde à
bord du Johan de Witt, le lieutenant Georges SABATIÉ
avait été parachuté le 20 octobre 1945 à Nakhon Phanom (Lakhon) avec
les premiers éléments de Kay 2[Réf.1,
pp. 72 (photo) et 202]. Mais son parcours au Laos nous restait
inconnu. Quelques courriers échangé après-guerre, communiquées par
son fils Jean-Louis, nous permettent d'en savoir un peu plus. Bien
qu'il n'y ait pas de certitude sur ce point, il semble qu’à son
arrivée au Laos il ait été envoyé dans le secteur de Lamalat, aux
ordres du lieutenant TAVERNIER, et que dans les semaines suivantes
il ait, comme le lieutenant Michel ÉMERY, les sous-lieutenants
Jacques FÉLIX, Pierre LÉONARD et Hubert PÉRIN, été envoyé prendre le
commandement d’un avant-poste autour de Thakhek [Réf.1,
pp. 115 et 116]. On sait avec certitude que, fin 1945, il a
rejoint à Pak Hin Boun ses camarades ÉMERY, FÉLIX, LÉONARD et PÉRIN
au sein de la 2e compagnie laotienne en cours de
formation. Après que le capitaine Lucien BALLINI en a pris le
commandement courant janvier 1946, SABATIÉ tombe gravement malade,
souffrant de très forts accès de fièvre dont un pendant une dizaine
de jours. Le 15 avril 1946, SABATIÉ est affecté au SDECE à Saïgon
et, le 15 février 1947, il est envoyé à Hong-Kong pour y créer une
cellule de renseignement ; mission qu'il effectuera sous la
couverture de « correspondant des services de presse et
d'information d'Indochine » jusqu'en décembre 1950.
Georges SABATIÉ est décédé à Antibes (Alpes-Maritimes) le 5
février 1980 des suites de sa maladie contractée au Laos.
Cette photo a visiblement été prise en Inde, dans ce qui
semble être un camp militaire. Elle pourrait donc avoir été
prise dans le camp de transit de Kalyan, à une soixantaine
de kilomètres de Bombay, entre le 22 septembre et le 2
octobre 1945 [Réf.1, pp.
48 et 49]. Aucun des deux officiers n'est formellement
identifié. Le sous-lieutenant, à gauche, pourrait être
Hubert PÉRIN. Le lieutenant, au centre, est-il Michel ÉMERY,
grand ami de SABATIÉ ? La présence à leur côté d'une
AFAT (lieutenant) est surprenante, aucune AFAT n’a fait le
voyage vers Bombay à bord du Johan de Witt.
Bien qu’il ne soit pas possible sur
cette photo de médiocre qualité d’en identifier les
protagonistes, le personnage au centre, avec la main bandée,
est sans aucun doute le sous-lieutenant Léopold FLABA :
le 25 février 1946, lors d’un accrochage, celui-ci est en
effet blessé au poignet gauche. Compte tenu du climat et des
conditions de vie des guérillas, cette blessure relativement
bénigne risque de s’envenimer. Aussi, après une longue
marche et des souffrances extrêmes, FLABA réussit à
rejoindre Pak Hin Boun où il attendra deux semaines avant
d’être hospitalisé à Paksé, puis évacué sur la Thaïlande et
Saïgon. Après plusieurs semaines d’inquiétude, sa blessure
infectée finira par guérir et sa main sera sauvée. Les deux
autres personnages sont probablement deux autres
parachutistes de Kay 2[Réf.1,
pp. 156 et 157].
Au premier plan on reconnaît René BROCHARD, parachutiste
de Kay 2 nommé sous-lieutenant fin 1945, qui depuis
janvier 1946 est dans le secteur de Pak Hin Boun. Les
Européens au second plan semblent être des soldats de la
Coloniale ayant rejoint la guérilla après le coup de force
japonais, plutôt que des parachutistes de la DGER. Cette
photo a très probablement été prise le 20 mars 1946, la
veille de l’attaque de Thakhek, à Pak Hin Boun ou dans un
village des environs.
L'ensemble des photos
de Georges SABATIÉ communiquées par son fils Jean-Louis
peut être trouvé ICI.
Traversée du Mékong par les premiers éléments de Kay
2
Cette photo inédite, acquise via un site marchand sur
Internet, complète les deux clichés présentés aux pages 76
et 78 de [Réf.1],
relatifs au franchissement du Mékong, le 21 octobre 1945,
par les premiers éléments du commando Kay 2 à
pénétrer au Laos. Il n'a malheureusement pas été possible de
connaître l'origine de cette photo qui avait très
certainement dû appartenir à l'un des membres de Kay 2,
voire même à l'un des parachutistes représentés.
Le SA d'Extrême-Orient 1944-1945 –
Premiers parachutistes en Indochine
Erratum
Contrairement à ce qui est indiqué pour la dague Fairbairn Sykes du
capitaine BAUDENON [Réf.2, p. 66],
son fourreau n'était pas métallique, mais en cuir avec des renforts en
métal. Il s'agissait d'une fabrication indienne et non pas britannique.
Ci-joint un exemple de cette fabrication locale. (Informations et photo
communiquées par Fernand GORCE.)
Personnel du DFI et de la SLFEO parachuté en Indochine
Entre le 7 juillet 1944, date du premier parachutage en Indochine, et
la fin de l'année 1945, près de 410 parachutistes ont été infiltrés
par voie aérienne dans la colonie, dont 340 parachutés ; 370
d'entre eux ont pu être identifiés [Réf.2,
pp. 198-201]. Depuis la parution du livre, outre les
nouveaux parachutistes identifiés pour les missions Kay 1
et Kay 2 comme précisé ci-dessus, il a été découvert que, de
même que GIACOBBI, plusieurs membres des Commandos de France ont
rejoint la SLFEO et les Indes. C'est par exemple le cas du
sous-lieutenant André SAINT-MLEUX, qui a été affecté au Corps de
liaison administrative d'Extrême-Orient (CLAEO), ainsi que,
probablement, du capitaine Jean GUÉGOT, du sergent-chef Guy LIÉGEOIS (MEURSOLLES)
et du sergent Simon MARCOU. Il a également été découvert que le
sous-lieutenant Michel LE HUCHE avait été parachuté au Nord-Tonkin fin
1945.
Michel LE
HUCHE ; né le 25 août 1921 à Nantes (Loire-Atlantique).
En provenance du 62e régiment
d’artillerie
antiaérienne de Tunis, Michel LE HUCHE est affecté au BCRA d'Alger
le 8 avril 1944. S'étant porté volontaire pour des missions
spéciales en France occupée, il est parachuté le 7 août 1944 près
de Savournon (Hautes-Alpes), en tant que radio de la mission Confessionnal.
Mission terminée, il rejoint la DGER à Paris en octobre. Du 5
avril au 18 mai 1945, il est en Allemagne en tant que radio de
l'équipe du commandant Jean VAUCHERET (Centre 221). Volontaire
pour l'Extrême-Orient, il rejoint les Indes en septembre avec le Johan
de Witt. Une citation du 2 juillet 1946 à l'ordre de la
Brigade indique que le chargé de mission de 3e classe
Michel LE HUCHE s'est porté « volontaire pour être
parachuté en qualité de radio dans une mission opérant dans la
région de Laï Chau (Tonkin) [et qu'il] a été pendant trois mois
un auxiliaire précieux pour ses chefs. [Mission au cours de
laquelle il a] recueilli et fourni des renseignements qui ont
été très appréciés par les autorités supérieures ». Ce
document indique donc, sans ambiguïté, qu'en parallèle des
missions Kay au Laos il y a eu au 4e trimestre
1945 au moins un parachutage au Tonkin. Nous n'avons pas plus
d'information sur celui-ci, mais il est très certainement à
rattacher à la mission Gascogne créée au printemps 1945 à
l’initiative de Jean SAINTENY, alors chef de la Mission
5 à Kunming, et qui avait notamment pour but, en vue du
retour des Troupes françaises de Chine, de renseigner le
commandement sur les agissements des Chinois dans le 4e territoire
militaire [Réf.2, p. 114].
Parmi les membres de cette mission figurent le sous-lieutenant radio Jean PLET,
de la DGER, ainsi que les sergents Jean ORSATELLI et Dominique
PIERRINI (Pierre DARCOURT), issus de la section
Action du Tam Dao. (Le chef de bataillon
Raphaël FOROPON FRANÇOYE, officier de réserve mobilisé, est
parfois mentionné, notamment par SAINTENY, comme ayant été le
chef de la mission Gascogne, mais la période sur
laquelle s'est exercé ce commandement n'est pas connue. En
outre, il semble avoir dirigé cette mission depuis la Chine.) En provenance de Kunming,
tous trois sont arrivés dans le secteur fin août 1945.
ORSATELLI et PIERRINI rejoindront Hanoï le 8 janvier 1946,
tandis que PLET, mission officiellement terminée le 15, arrivera
à Saïgon le 28 janvier. On doit pouvoir supposer que LE HUCHE,
probablement parachuté mi-octobre pour seconder
PLET dans ses fonctions de radio, a quitté le 4e territoire
militaire en même temps que celui-ci, ce qui
correspondrait à une durée de mission de trois mois comme
mentionné dans sa citation.
Clément
RICHON (pseudo : Jean GARNIER) ; né le 21
février 1921 à Saint-Gingholph (Suisse).
Le
quartier-maître RICHON, parachuté au Tonkin dans la nuit du 30
novembre 1944 (brevet parachutiste militaire n°21547) en
compagnie de deux autres opérateurs radio issus de la Royale,
Marcel SILVESTRE et Jean CHABIRAND, est l'un des
tous premiers Français largués sur l'Indochine [Réf.2,
p. 57]. Le parcours militaire de
Clément RICHON mérite d'être souligné : En septembre 1939, il
s'engage dans l'armée de l'air comme élève radio-naviguant.
Titulaire du brevet supérieur de mécanicien radio-électricien, il
est démobilisé en septembre 1940 avec le grade de sergent. Il se
rengage en mars 1941 au titre de la marine et est dirigé sur
Casablanca pour y suivre de nouveaux cours de radio, puis ceux
d'écoute sous-marine. Après un premier embarquement sur le
sous-marin Antiope, il embarque en février 1942 sur l'Archimède.
Suite au débarquement allié en Afrique du Nord et le ralliement de
la flotte française, l'Archimède rejoint les États-Unis où,
jusqu'en février 1944, il fait l'objet de profonds travaux de
refonte. Après avoir participé à quelques missions de surveillance
et de renseignement en Méditerranée, RICHON rejoint le BCRA d'Alger
en mai. Entraîné par les services britanniques en vue de son
parachutage en France occupée, il est finalement envoyé en Inde en
octobre 1944 et parachuté au Tonkin fin novembre. Fin décembre, il
assure les transmissions radio de la station B2 Melon depuis
Savanakhet (Laos) puis, en janvier et février 1945, celles de la
station Groseille depuis Pleiku (Annam) [Réf.2, p.
65]. Le 9 mars 1945 il est à Qui Nhon
(Annam) où il est fait prisonnier. Libéré le 2 septembre 1945 du
camp de Saïgon, il est déposé à Nha Trang le 8 octobre 1945 par un
avion japonais dans le cadre d'une mission visant à faire pression
sur le commandement nippon local pour qu'il assure une protection
efficace aux 130 femmes, enfants et civils français internés qui
sont sous la menace des indépendantistes. Sa mission à Nha Trang
prend fin en février 1946. Le 1er avril 1946, le chargé
de mission de 3e classe RICHON est muté à la Section
des études historiques, faux-nez du SDECE à Saïgon. Dès le mois de
mars 1946, le supérieur de RICHON demande que, compte tenu de ses
qualités, il soit définitivement homologué au grade de
sous-lieutenant. Mais RICHON souhaite que ce soit fait au titre de
l'armée de l'air, alors qu'il dépend toujours de la marine. De
longueurs administratives en courrier égaré, sa situation
administrative ne semble pas évoluer malgré plusieurs relances de sa
hiérarchie début 1947. En mars 1948, une nouvelle démarche
officielle est faite pour promouvoir RICHON au grade d'aspirant dans
l'arme des transmissions qui reçoit la même réponse : il dépend
toujours de la marine. En outre, une décision ministérielle s'oppose
désormais à toute nouvelle intégration dans l'armée d'active... La
suite des événements ne nous est pas connue. Clément RICHON est
décédé à Léran (Ariège) le 1er novembre 2009.
Groupe du sous-lieutenant GUILLIOD
Dans son compte rendu de mission, « Douze mois de mission au
Nord-Laos », publié dans le Recueil des commandos du CLI,
rectificatif et additif, Jean GUILLIOD apporte plusieurs
précisions sur le groupe Polaire (anciennement Groupe SERRES)
dont il est devenu le chef fin juin 1945. L'effectif de Polaire
à la date du 28 juin est le suivant [Réf.2,
p. 117] :
À Ban Sen Kham, au PC du dispositif,
un groupe de 11 hommes constitué de 3 parachutistes –
sous-lieutenant GUILLIOD, adjudant CHÂTELAIN, sergent-chef VOUAILLAT
– et de 8 coloniaux : sergent LANDOLFINI, maréchal des logis
TOQUOY, sergent-chef CESBRON, soldats BOLOGNE, CAZÉ, DELARUE, DIDOU,
tirailleur TAAM (interprète). Tous les coloniaux ont été recrutés
par le capitaine AYROLLES (SERRES) à Khang Khaï dans les
jours suivant l'attaque japonaise à l'exception de LANDOLFINI,
également en provenance de Khang Khaï, qui a rejoint le groupe le 15
avril 1945.
À Ban Naveu, à 4 km au sud, un
groupe de 14 hommes dont 3 parachutistes – sous-lieutenant PETIT,
adjudant MOLLIER, sergent-chef CHANAUX – et 11 volontaires pour la
plupart recrutés à Khang Khaï : sergents DION, VEYRET, ORSINI,
maréchal des logis TÉSOLIN, sergent VAN THIEU (interprète),
légionnaires GONZALES, GUÉRIN, ROSKOPF, JIMEL, soldat PELAGGI,
tirailleur LAY. GONZALES et PELAGGI ont rejoint Polaire en
même temps que LANDOLFINI tandis que ORSINI, en provenance de Cua
Rao, a rejoint le 20 mai. ROSKOPF et JIMEL sont des anciens du 5e
REI qui ont fait leur temps et se sont établis comme colons à Khang
Khaï ; ils se sont immédiatement portés volontaires.
À 6 km au nord de Ban Sen Kham, un
troisième groupe fort de 12 hommes : 2 parachutistes –
sous-lieutenant HEYMONNET, adjudant AYROLLES –, 8 aviateurs de la
base aérienne de Dong Hoï : adjudants REBONDY, LLADOS (opérateur
radio, son patronyme réel n'est pas connu), GITER, DESRIEUX,
sergents-chef JOSSEAU, HERBERT, TURPIN, DESFOSSÉS ; et 2
légionnaires : SCHULER et KLEREX.
Lorsque, le 16 août 1945, le commandant Pierre CROS (Pierre MUTIN)
reçoit l'ordre de gagner Hanoï [Réf.2,
p. 132], 12 hommes de Polaire lui sont mis à
disposition : AYROLLES, DESFOSSÉS, HERBERT, TURPIN, LANDOLFINI,
ORSINI, TÉSOLIN, TOQUOY, VEYRET, BOLOGNE, DIDOU et GONZALES.
Personnel du DFI et de la SLFEO non parachuté
Au total, on peut estimer à 800, dont une trentaine de femmes, le
nombre de militaires français ayant été affectés à des emplois
sédentaires en Inde ou en Chine. Notre objectif, ici, n'est pas de les
lister tous, mais d'apporter des compléments sur ceux mentionnés dans
le livre. Quelques nouveaux officiers ou sous-officiers peuvent
également être mentionnés compte tenu de la spécificité de leur
parcours.
Alexandre
DAURÈS ; né le 4 janvier 1913 à Béziers (Héraut).
Le 3 novembre 1944, six aviateurs de Hanoï se sont évadés
d'Indochine après s'être emparé sur l’aérodrome de Bach Mai d’un
Potez 25 et d’un Potez 29 sanitaire [Réf.2,
p. 70]. Parmi eux, l’adjudant-chef pilote Alexandre
DAURÈS qui est dirigé sur Poona le 20 décembre 1944 afin d'y suivre
les stages commando. De retour à Calcutta le 15 janvier 1945, il
participe à Jessore du 11 au 17 mars 1945 à un stage de formation
parachutiste. DAURÈS ne sera cependant pas envoyé en mission :
le 15 juillet 1945 il est muté au dépôt de passage de Chandernagor
en vue de son rapatriement sur la France par décision du colonel
commandant la Mission militaire française auprès du SEAC
[s'agit-il du lieutenant-colonel Jean BOUCHER de CRÈVECŒUR ?].
Le 8 août, il embarque à Pondichéry sur le Suffren à
destination de Toulon. Alexandre DAURÈS est décédé à Béziers
(Hérault) le 27 novembre 1997, il avait quitté l'armée en janvier
1959 avec le grade de lieutenant de réserve (cadre navigant).
Robert
GIRE ; né le 31 mars 1921 à Asnières (Seine).
Dans l'effectif de la MMFC de la fin de l'année 1942 [Réf.2,
p. 14], se trouve notamment le sergent Robert GIRE.
Celui-ci, sous-officier de l’infanterie coloniale, est au Tonkin
avec le 2e bataillon du 19e RMIC lorsque, le
16 novembre 1942, il passe la frontière pour rejoindre les FFL. En
juin 1943, il quitte la Chine pour le Moyen-Orient. Dix ans plus
tard, le 18 octobre 1952, sous-lieutenant au GCMA, Gire est fait
prisonnier par le Vietminh. Parmi les autres Français capturés avec
lui figure Roger Danel,
l’opérateur radio du groupe Fabre, alors lieutenant au 1er bataillon
thaï. Le 6 janvier 1953, Gire et Danel sont victimes d’un raid
aérien mené par trois B-26 du groupe de bombardement 1/19 Gascogne.
Un troisième Français est tué à leurs côtés, le lieutenant Émile
Hanns, du GCMA.
Alexandre
MAESTRACCI ; né le 5 février 1902 au Bar-sur-Loup
(Alpes-Maritimes).
Le chef de bataillon Alexandre WIART, mentionné plusieurs
fois pour sa fonction de chef du détachement français de Poona [Réf.2, pp. 28, 32, 33 et 44] est de
son vrai nom le chef de bataillon Alexandre MAESTRACCI. Les raisons
pour lesquelles celui-ci a pris un pseudonyme (d'après le nom
patronymique de sa mère) nous sont inconnues. Pas d'information non
plus sur la suite de la carrière militaire d'Alexandre MAESTRACCI
qui est décédé à Toulouse (Haute-Garonne) le 23 septembre 1988.
Louis
MAHIEU ; né le 20 septembre 1915 à Paris (14e
arrondissement).
Parmi les quatorze officiers et sous-officiers du Détachement
français des Indes morts ou disparus avant l'attaque japonaise en
Indochine, se trouve le sous-lieutenant Louis MAHIEU [Réf.2,
p. 37]. Sous-officier de l'infanterie coloniale, MAHIEU
avait participé, au sein du 8e régiment de zouaves, à la
protection des troupes britanniques évacuées de Dunkerque fin mai
1940 lors de l'opération Dynamo. En provenance d'Afrique du
Nord, MAHIEU arrive en Inde le 16 mai 1944. Le 19 décembre, il
décède au camp d'entraînement de Belgaum des suites d’un
accident : alors qu’avec les sergents Georges THIERRY et
PHANDINH (LAMSON) il reconnaît un emplacement en vue d’un
prochain exercice, PHANDIN, armé d’une Sten, trébuche sur une racine
et tombe. Dans le choc un coup part, blessant mortellement le
sous-lieutenant.
Maurice
MELCHIOR ; né le 26 mai 1918 à La Tronche (Isère).
À son arrivée en Inde au mois de mars 1944, le lieutenant Maurice
MELCHIOR prend le pseudonyme de Jean de MONTARNAL d'après le
nom de l'une de ses arrière-grand-mères [Réf.2,
p. 66]. Son père, Henri, cadre dirigeant de la société
Air Liquide, était en effet installé au Japon depuis 1924.
Concernant la famille de Maurice MELCHIOR, on peut également
mentionner que sa sœur, Simone, avait épousé Jacques-Yves COUSTEAU
en 1937 et que sa mère, Marguerite BAEHME, épousera en secondes
noces, en 1950, le vice-amiral Jean DECOUX. Maurice MELCHIOR est
décédé à Chambéry (Savoie) le 27 juin 1984.
Jules, dit
André, MOITESSIER ; né le 10 avril 1902 à Gap
(Hautes-Alpes).
Autre
militaire ayant pris, pour des raisons similaires, un pseudonyme
à son arrivée à Calcutta le 3 mars 1944, le lieutenant de
l'artillerie coloniale André MOITESSIER (André AUBERT).
En 1945, son frère Albert, dit Robert, qui est en Indochine
depuis 1924 habite en effet Saïgon où il possède une entreprise
d'import-export. L'aîné de ses quatre enfants, Bernard, est le
futur navigateur en solitaire. Le lieutenant MOITESSIER est
rapidement affecté à l'état-major du SA, à Meerut, avec les
fonctions de chef du bureau politique et propagande. Au 1er trimestre
1946, toujours sous les ordres du lieutenant-colonel BOUCHER de
CRÈVECŒUR, le capitaine MOITESSIER (nommé au grade en juillet
1944) est le chef du 5e bureau de l'état-major
des Forces du Laos.
Augustin
POMA ; né le 28 juin 1906 à Tourrettes-sur-Loup
(Alpes-Maritimes).
Désigné pour rejoindre le DFI et suivre les
formations britanniques en Inde, le sous-lieutenant (à titre
temporaire) POMA quitte Alger par avion et atterrit à New-Dehli le
23 juillet 1944. Il est aussitôt détaché à la DGER et dirigé sur
Poona, sans que l'on sache s'il y a effectivement suivi les
formations commando. Il va ensuite être tour-à-tour chiffreur [Réf.2, p. 70], trésorier et
officier chargé du matériel et des logements, cumulant souvent
plusieurs fonctions. Nommé lieutenant à titre définitif à compter du
25 septembre 1945, POMA quitte Calcutta pour Saïgon le 11 décembre
1945 et va participer à la liquidation du matériel de la SLFEO.
Cette tâche terminée, il prend en septembre 1946 la direction par
intérim du service du chiffre des Troupes françaises
d'Extrême-Orient (TFEO) avant, en février 1947, de prendre le
commandement de celui des Troupes françaises du Centre-Annam (TFCA).
Augustin POMA est rapatrié sur le Félix Roussel le 1er
octobre 1947 et rayé des cadres et des contrôles le 26 novembre
1948. Il décèdera à Grasse (Alpes-Maritimes) le .
Émile
VIEUX-COMBE ; né le 9 mars 1900 à Huez (Isère).
À l'automne 1945, dès lors que la totalité des effectifs de la SLFEO
présents en Inde a été rapatriée en Indochine, le colonel ROOS en
laisse le commandement par intérim au capitaine Émile VIEUX [Réf.2, p. 175]. Il s'agit en
fait du chargé de mission de 1re classe Émile
VIEUX-COMBE. Né en mars 1900, Émile VIEUX-COMBE s'était engagé pour
la durée de la guerre le 11 avril 1917 (artillerie). À compter du 31
octobre 1930, il avait été classé « affecté spécial » en
tant que chef-mécanicien de la Compagnie générale aéropostale, tout
d'abord à Barcelone, puis à Dakar, avant de revenir en France en mai
1935. Maintenu comme affecté spécial lors de la mobilisation
générale de 1939, il s'engage comme agent P2 au titre du réseau F2
des FFC le 1er juin 1943. Le 30 septembre 1944, il
rejoint la DGER. Volontaire pour l'Extrême-Orient, il arrive en Inde
en avril 1945. Début juin, et bien qu’âgé de 45 ans, il suit à
Jessore une formation de parachutiste au cours de laquelle il se
blesse assez gravement (fracture de deux vertèbres). Il semble avoir
ensuite exercé des tâches administratives, dont le commandement par
intérim de la SLFEO jusqu'à son rapatriement vers la France, le 23
avril 1946. Émile VIEUX-COMBE est décédé au Bourg d'Oisans (Isère)
le 5 janvier 1992.
Les centres de formation de l’OSS
Parmi les Français réfugiés en Chine après le coup de force japonais,
quelques-uns vont se porter volontaires pour les missions spéciales en
Indochine et rejoindre la DGER. C’est par exemple le cas de René BROCHARD et de Claude PALISSE qui, avec douze
autres jeunes de la section SA du Tam Dao, sont passés en Chine début
avril. Leur formation de commando va être assurée par l’OSS dans ses
centres d’entraînement chinois.
La première formation qui leur est délivrée est celle de parachutiste
à l’OSS Kunming Parachute School, située à une vingtaine de
kilomètres au nord de la ville. Le stage commence par une mise en
condition physique selon une méthode qui, à en croire le film Full
Metal Jacket de Stanley Kubrick, sera toujours pratiquée dans le
corps des Marines vingt ans plus tard. René BROCHARD raconte
(René BROCHARD, L'année du tigre, NiL éditions, 1994, pages
150 à 153) : « Le stage commença […] à un rythme
d'enfer. Pendant sept heures, chaque jour, on [était soumis] à des
exercices physiques, cadencés par les “one, two, three, four” des
instructeurs […]. Les élèves étaient répartis en groupes de trente.
Un instructeur, juché sur une estrade, exécutait les mouvements
qu'ils répétaient, tandis qu'un autre circulait entre les rangs pour
veiller à leur fidèle exécution. Toute défaillance était sanctionnée
sur-le-champ ; le fautif sortait du rang et devait exécuter dix
ou vingt pompes, sous l'œil intraitable de l'instructeur. Si
[celles-ci] étaient à moitié exécutées, il en doublait le
nombre. » À l’issue de trois semaines de préparation
physique entrecoupée d’exercices de sorties d’avion et de
roulés-boulés, arrive le moment tant attendu du premier saut
réel : « Après les “stand up”, “hook up”, “stand at the
door” vint le “go !” hurlé par le dispatcher agenouillé près de la
porte, accompagné d'une grande tape sur la cuisse ».
Une fois brevetés, leur diplôme de “qualified parachutist” en
poche, BROCHARD et PALISSE vont poursuivre leur formation commando au
Detachment 204 de l’OSS à Kai Yuan, important nœud ferroviaire
sur la ligne qui reliait avant-guerre Haïphong à Kunming. Le centre de
formation, à l’écart de la ville, est constitué de trois longs
bâtiments en dur et d’un quatrième plus petit. Les stagiaires sont
hébergés dans de grandes tentes carrées à toit pyramidal dont le
mobilier est constitué en tout et pour tout de huit lits de camp. Si
l’hébergement est relativement spartiate, il n’en est pas de même pour
le réfectoire qu’abrite l’un des trois grands bâtiments : café,
petits pains, beurre, sucre, ketchup et beurre de cacahuète sont
disponibles à profusion, servis et desservis par des boys chinois,
impeccablement vêtus de blanc. À Kai Yuan, les stagiaires suivent les
formations habituelles destinées aux agents de renseignement
(organisation et identification des forces nippones…), commandos
(entraînement au tir de toutes sortes d'armes…) et saboteurs
(maniement des explosifs et des booby traps…). Le stage se
termine par une mise en situation sur le terrain : les stagiaires
sont lâchés en pleine nature, généralement de nuit, par petits groupes
ayant chacun un objectif précis. Les gardes chinois en charge de la
protection des points sensibles qu’ils doivent approcher ne sont pas
nécessairement avertis de l’exercice en cours et sont donc
susceptibles de tirer à balles réelles.