Informations fournies par Daniel TARABELLI concernant son père, l'adjudant-chef Nicolas TARABELLI.
Après des séjours en Tunisie et Sénégal dans les régiments de tirailleurs sénégalais, Nicolas TARABELLI arrive à Hanoï en 1937, accompagné de sa femme et de son fils, Daniel, né à Tunis en 1932. La famille TARABELLI va s'installer rue du capitaine Brusseaux, une petite rue parallèle à la voie ferrée, au sud-est de la citadelle (actuellement rue Tong Duy Tan).
L'adjudant-chef TARABELLI, affecté au 9e RIC, jouit d'un statut particulier spécial : il est passé par le bataillon de Joinville et officie en tant que professeur de sports dans différents établissements scolaires de la capitale tonkinoise. Ainsi, pour l'année scolaire 1941-1942, il est chargé de l'éducation physique au collège de jeunes filles annamites de Hanoï. Il a également entraîné l'équipe féminine de basket-ball d'Hanoï, plusieurs fois championne de l'Asie de Sud-Est, mais aussi Mady MOREAU, la future star française de plongeon. Enfin, en tant qu'expert sportif, il a été consulté lors de la réalisation du stade Mangin construit peu avant la guerre.
Nicolas TARABELLI apparaît sur la photo du stage de moniteur de sport de 1943 présidé par mon grand-père, le lieutenant Pierre MILLOUR :
À Hanoï, le jeune Daniel va en classe à l'école des Frères, l'école Puginier. Il y côtoie Pierre, le fils aîné de l'adjudant-chef PAUGAM, avec qui il fait les « 400 coups ». (Par exemple, Daniel se souvient être allé piquer aux Japonais des roulements à billes pour confectionner des roues de carrioles...) Un autre de ses copains est le fils du sous-lieutenant Albert MOULY, affecté aux transmissions de la citadelle.
Quand les menaces de bombardement commencèrent à se faire plus précises, le général MASSIMI, qui disposait dans son logement d'un abri antiaérien, proposa à l'adjudant-chef TARABELLI d'y abriter sa famille en cas d'alerte : solidarité corse oblige ! Suite aux bombardements de fin 1943, la famille TARABELLI est évacuée vers la station balnéaire de Sam Son, à environ 180 km au sud de Hanoï. Nicolas TARABELLI, toujours en poste à Hanoï, fait régulièrement (environ une semaine sur deux) l'aller-retour sur son vélo pour aller voir sa famille.
Après le coup de force japonais, l'adjudant-chef TARABELLI est détenu dans la citadelle de Hanoï. Sa famille quitte Sam Son et retrouve son logement de la rue du capitaine Brusseaux.
Peu avant le départ de son mari pour les camps de Hoa-Binh, Mme TARABELLI est arrêtée par les Japonais en ayant voulu lui faire passer de l'argent. Enfermée et battue dans la citadelle, elle est libérée au bout de 48 heures. En final, Daniel réussit, à la barbe des sentinelles, à remettre cet argent à son père.
Après sa libération, Nicolas TARABELLI est rapidement muté en Cochinchine, sa famille restant à Hanoï. Peu après l'entrée des troupes du général LECLERC dans la capitale tonkinoise, le 18 mars 1946, Mme TARABELLI et ses enfants, Daniel, son frère Guy et sa sœur Rose-Marie nés à Hanoï, sont dirigée vers Haïphong où ils montent à bord du porte-avions Béarn pour Saïgon. Fin août 1946, les TARABELLI au complet embarquent sur l'Ile-de-France pour la métropole et débarquent à Toulon le 19 septembre (cf. le récit de ce voyage).
À son retour en France, l'adjudant-chef TARABELLI profite des lois de dégagements des cadres et quitte l'armée en 1947. Sept ans plus tard, en 1954, Daniel TARABELLI, alors aviateur dans l'armée de l'Air, reviendra dans le nord du Tonkin dans le cadre de missions d'évacuation sanitaire.