A la DGER au Laos :
« Michel MOREAU »
1953 / 1954
21ème RIC

GUERRE D'INDOCHINE - 1948 / 1951 : 3ème et 4ème BMEO

Préambule : de manière à simplifier la lecture de ce texte consacré aux opérations des 3ème et 4ème BMEO dans les hauts Plateaux du Sud-Annam entre 1948 et 1951, les parties du texte plus spécifiquement consacrées à mon oncle Maurice MILLOUR et aux compagnies auxquelles il a appartenu, à savoir les 1/3ème BMEO et 16/4ème BMEO, sont présentées sur un fond plus clair.

En mars 1948, nouveau départ pour l'Indochine à bord de l'Athos II. Le 6 avril, le sergent Maurice MILLOUR arrive à Saigon et, ainsi que deux autres sous-officiers et seize hommes de troupes également débarqués de l'Athos II, est affecté au 3ème BMEO (Bataillon de Marche d'Extrême Orient). Le 3ème BMEO a été formé au début de 1946 par le commandant BOUILLOC, à partir de l'encadrement européen du Bataillon de Marche Sénégalais d'Extrême Orient n°3 (1ère Brigade d'Extrême Orient) et par recrutement local dans les Plateaux montagnards du Sud-Annam, principalement Sédangs et Djarais.

Au Sud-Annam, le général Henri LORILLOT ne dispose que de cinq bataillons [les 3ème et 4ème BMEO, les 2ème et 3ème bataillons du 2ème REI (Régiment Étranger d'Infanterie), le Bataillon de Marche du 4ème RTT (Régiment de Tirailleurs Tunisiens), appuyés par des canonniers du GACML (Groupe d'Artillerie Coloniale de Montagne du Levant) ou du GACAOF (Groupe d'Artillerie Coloniale de l'Afrique Occidentale Française)], pour tenir une zone qui englobe non seulement la côte du cap Varella (province de Khanh Hoa) à Phan Thiêt (province de Binh Thuan), mais aussi les plateaux moïs. La pacification est presque terminée en pays moï, malgré la proximité de la zone viêt de Quang Ngaï. Elle touche 70 à 80% des villages entre Nha Trang et Phan Rang, au centre du territoire, mais elle progresse difficilement dès que l'on se rapproche du cap Varella ou de la Cochinchine. Dans les régions de Ninh Hoa et de Phan Ri, 30% seulement des villages se sont ralliés. Quant à la côte au sud de Phan Rang, du reste quasi désertique, elle est pratiquement abandonnée au Viêt-Minh. En outre, une grande partie des troupes du général LORILLOT se consacre en priorité au maintien des communications par voie ferrée de Saigon à Nha Trang et à Dalat – avec en particulier le train blindé de la Légion –, ainsi qu'à l'occupation des petits ports de pêche de Phan Thiêt et de Phan Ri. Le commandement local se trouve réduit à ne mener que de petites opérations de détail avec les unités de secteur et les maigres réserves du territoire pour maintenir la situation. Dans chaque province de la plaine et en bordure des plateaux, les Viêts opposent un régiment à chaque bataillon français. La partie n'est pourtant pas inégale, les bataillons français, plus solides, mieux armés et mieux encadrés, ont refoulé les Viêts presque partout dans la montagne et un équilibre s'est établi entre les adversaires. [D'après le Général Yves GRAS : « Histoire de la guerre d'Indochine »].

Le 3ème BMEO est constitué d'une Compagnie de Commandement du Bataillon (CCB 3) et de quatre compagnies de combat (numérotées de 1 à 4) ; il est renforcé par des commandos tels ceux de l'adjudant Louis LAY [1] et du sergent GUIDON-LAVALLÉE. Le bataillon est déployé le long de la côte, au nord, entre le cap Varella et M'Drak (province de Dac Lak) jusqu'à, au sud, le port de Phan Thiêt. 

Les compagnies régulières du 3ème BMEO sont des compagnies de combat à 120 hommes : une vingtaine d'européens, du lieutenant au simple soldat, encadrant une centaine de soldats indigènes. Elles sont constituées d'une section de commandement et services, et de quatre sections de combat à 25 hommes, chacune d'elles organisée en deux groupes de combat. L'armement collectif consiste en un fusil mitrailleur par groupe de combat, Bren ou FM 24/29, et un mortier léger de 50 ou 60 mm pour la compagnie. Les hommes de troupe sont principalement équipés de fusils Lee-Enfield .303 ou MAS 36, dont certains avec lance-grenades VB (un par groupe de combat à l'exception de celui en charge du mortier) et leurs chefs de groupe de pistolets-mitrailleurs (MAS 38, Sten, Thompson, M3...). Les chefs de section sont armés d'un pistolet automatique, d'une carabine M1 ou d'un pistolet-mitrailleur selon leur préférence. Les quelques mitrailleuses et mortiers de plus gros calibres disponibles sont généralement réservés à une utilisation en postes fixes : pour les missions en brousse, légèreté et mobilité sont privilégiées.

Début 1948, l'état-major du 3ème BMEO, sa CCB et deux de ses compagnies de combat complétées par une troisième compagnie du III/2ème REI, forment le bataillon d'intervention de Phan Thiêt. Le sous-secteur de Phan Thiêt est sous le commandement du chef de bataillon Jacques SOCKEEL qui, au 1er janvier, a laissé le commandant du 3ème BMEO au chef de bataillon Luis TAVAREZ de TOLENTINO. [Le prédécesseur du commandant SOCKEEL à la tête du 3ème BMEO, le chef de bataillon Pierre BOUILLOC, avait été tué le 27 janvier 1947 près de Son Bach]. Le 24 mars, le chef de bataillon TAVAREZ de TOLENTINO ayant été blessé le 16 lors d'une opération sur Thoi An, le chef de bataillon LE JAN en provenance du 4ème BMEO prend le commandement provisoire du 3ème BMEO à Phan Thiêt.

Le 2 février, le lieutenant Paul CLAVIER (appelé Guy, son deuxième prénom, par sa famille et ses amis) débarque en Indochine. Le 1er juillet 1947, alors qu'il était en garnison en Allemagne, Paul CLAVIER, sorti du rang, avait été nommé lieutenant du fait de son comportement pendant la guerre. Le lieutenant CLAVIER est affecté à la 1ère Cie du 3ème BMEO qu'il rejoint le 9 avril ; il y prend le commandement de la 1ère section.  Le 1er mars 1949 il prendra le commandement de la 1ère Cie et sera affecté le 16 juin 1949 à l'État-Major des TFSAP (Troupes Françaises du Sud Annam et des Plateaux). Il est rapatrié pour fin de séjour le 16 juillet 1950.

Le 12 avril, Maurice est à peine arrivé au 3ème BMEO qu'il est également affecté à la 1ère Cie du bataillon, avec ordre de se mettre en route le jour même pour la rejoindre : celle-ci, commandée par le lieutenant PRÉVOTEAU DU CLARY, est en effet détachée dans le Secteur des Plateaux, avec son PC à M'Drack. Outre le lieutenant CLAVIER, les chefs de sections de la 1/3ème BMEO sont l'adjudant-chef RIGAL, l'adjudant HOAREAU et le sergent GRANIER. Le poste de M'Drack est un poste isolé, à proximité d'un col sur la route entre Ban Me Thuot et Ninh Hoa. L'habitat de la compagnie est constituée de cases en bambou dont la protection est assurée par une enceinte carrée de 50 m de côté et de 2,50 m de haut. Les murs de cette enceinte, percés de meurtrières, sont construits en rondins. Un petit canon de 37 mm constitue la seule artillerie du poste. [Cf. le livre du colonel CUNIBILE « De l'ennemi vert-de-gris à l'ennemi rouge - Tome I (1937-1950) »].

Le 15 avril, le sous-lieutenant André DERQUENNE de la CCB 3, le caporal Michel LANGBIEN et le 1ère classe François LE GALL sont tués à Than An (Binh Thuan), lors d'une embuscade sur la RC 1.

Le 6 juin, la 1/3ème BMEO est relevée à M'Drack par la 3/3ème BMEO (lieutenant GILARD, puis capitaine SOL à partir du 15 août). Elle part à son tour relever la 2/3ème BMEO du lieutenant PERROTIN à Ninh Hoa dans la province de Kanh Hoa, à la croisée des chemins entre Nha Trang, M'Drak et le cap Varella. Le poste de Ninh Hoa est un édifice en dur,  implanté en bord de route sur un terrain dégagé ; surmonté d'une petite tour d'observation, il est flanqué à ses quatre coins de blockhaus en béton. Deux sections de la 1ère Cie sont affectées par roulement à la tenue des postes du quartier du Babonneau dans le cap Varella.

Le 5 juin 1948, le lieutenant Roger CUNIBILE embarque à Marseille sur le Pasteur à destination de Saigon. Courant juillet il est affecté au 3ème BMEO qu'il rejoint à Phan Thiêt. S'y trouvent alors l'état-major du bataillon (chef de bataillon TAVAREZ de TOLENTINO), la CCB (lieutenant VASSELET) ainsi que les 2ème et 4ème Compagnies (respectivement lieutenant PERROTIN et capitaine DELARUE). Du fait de son ancienneté, le lieutenant CUNIBILE remplace le lieutenant Claude PERROTIN à la tête de la 2e Cie, celui-ci devenant son adjoint.

Sur le Pasteur se trouvait également le caporal André MORANVILLE qui, après un stage de mécanique auto à Dalat, est lui aussi affecté au 3ème BMEO à Phan Thiêt. Après un premier séjour au service auto de la CCB 3, il sera transféré à la 2/3ème BMEO.

Le 4 août, des combats dans la région de Phong Diên (en bord de la Mer de Chine, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Phan Thiêt) font plusieurs morts dans les rangs de la 2e Cie, dont le lieutenant PERROTIN et les 1ère classe André PEYRONNEAU et Mamadou SEYE. En hommage au lieutenant PERROTIN, le quartier de la 2/3ème BMEO à Phan Thiêt prendra par la suite le nom de « Quartier Lieutenant PERROTIN ».

Le 30 septembre, l'adjudant André PRÉVOT et un tirailleur Rhadé de la 4/3ème BMEO sont attaqués au marché de Binh An (secteur de Phan Thiêt). L'adjudant est tué et le montagnard gravement blessé.

Fin septembre, l'implantation de la 1/3ème BMEO à Ninh Hoa est la suivante :

1ère Cie Ninh Hoa Lieutenant PRÉVOTEAU DU CLARY Cdt de la compagnie

Pity Lieutenant CLAVIER Paul Chef de la 1ère section

Phuoc Lan Lieutenant ROUYER Jean Chef de la 3ème section

Ninh Hoa Adjudant-Chef ROCHER Chef de section

Dai Lanh Adjudant FOUGÈRE Chef de section

Le 16 octobre 1948, le sergent MILLOUR est cassé de son grade de sergent et redevient deuxième classe. D'après mon père, les évènements qui ont conduit Maurice à la perte de ses galons sont les suivants : Au cours d'une opération en forêt, le meilleur camarade de Maurice est tué. Maurice accuse son chef de section, un sous-lieutenant fraîchement sorti de Saint-Cyr, sans aucune expérience, d'être responsable de cet incident. De retour au camp de base il cogne fortement le sous-lieutenant qui porte plainte. [A noter que Maurice a laissé à ses anciens camarades de lycée et compagnons d'armes le souvenir de quelqu'un étant de tempérament calme ; cette histoire les a donc étonnés. Sa sœur Marie-France est quant à elle moins surprise : elle se souvient en effet que, lors d'une permission à Brest, à la piscine de Tréornou, Maurice et son frère Christian ayant eu le sentiment que leur père avait été insulté, ils avaient, sur un coup de sang, ravagé la baraque servant de foyer au CNB, le Club Nautique Brestois].

Le JMO du 3ème BMEO ne fournit aucun élément permettant de confirmer cette version des faits. La date à laquelle ces évènements se seraient passés n'est pas non plus très claire... L'État Signalétique et des Services de Maurice indique qu'il a été remis deuxième classe p/c du 16/10/48 par ordre de bataillon n°39 du 11/10/48 et affecté au 4ème BMEO a/c du 16/10/48 par AM n°269/1/TFSAP du 06/10/48. Les faits incriminés se seraient donc déroulés avant le 6 octobre. On note que la 1/3ème BMEO est en opération du 5 au 8 octobre dans la région de Hon Lach, mais aucun élément marquant n'est rapporté, et en particulier pas de mort signalé dans les rangs de la 1ère Cie. Cependant, si on considère que la perte de ses galons résulte effectivement d'une rixe entre Maurice et un jeune officier de la 1ère Cie sans grande expérience, il semble logique de penser qu'il s'agit du lieutenant ROUYER, arrivé en Indochine courant août et qui vient juste de prendre le commandement de la 3ème section (le 12 septembre). Le lieutenant Jean ROUYER sera tué quelques jours plus tard, le 8 novembre, au cours d'un accrochage.

Sur la photo ci-contre, le soldat au béret de type « Gurkha », comme en portaient les partisans et supplétifs, pourrait être le caporal-chef Noël RICHARD, lequel est à la 2e Cie du 3ème BMEO depuis février 1948 (arrivé en Indochine sur le Skaugum). Son fils, Claude, se souvient effectivement que son père lui avait raconté l'histoire d'un sous-officier ayant été dégradé pour avoir frappé un supérieur à coup de crosse (!). Parmi les amis de Noël RICHARD à la 2/3ème BMEO : les caporaux-chefs André CHENU et LECOINTRE, Émile LAGRANGE et un dénommé BROSSIER (dit « Le Romano »), tireur de mortier. (Cf. les photos du 3ème BMEO). Autre sous-officier de la 2/3ème BMEO : le caporal-chef Jean BEAUCHAMP, débarqué à Saigon le 29 mai 1948.

En octobre 1948, la 4e Cie du capitaine DELARUE succède à la 3e Cie du capitaine SOL dans le quartier de M'Drak. La 3e Cie va relever la 1ère Cie à Ninh Hoa, laquelle rejoint Phan Thiêt à compter du 28 octobre.

Le 1er novembre, le lieutenant Guy GIRIER (arrivé à Saigon le 6 février 1948 à bord du Maréchal Joffre, affecté au 3ème BMEO le 1er septembre) succède au capitaine DELARUE à la tête de la 4/3ème BMEO.

En décembre, un bataillon d'intervention aux ordres du commandant TAVAREZ de TOLENTINO est constitué à partir d'éléments du 3ème BMEO (CCB, 1e Cie et 2e Cie), complétés par une compagnie de légionnaires (lieutenant STEINER) et de sections de partisans du 4ème RTT (sous-lieutenant Maurice ANDRÉ), pour participer du 9 au 22 décembre à l'opération « Typhon ». Cette opération, qui va se dérouler dans la presqu'île du Tien-Du à l'ouest de Ninh Hoa, est dirigée par le lieutenant-colonel Marcel NICOLAS, adjoint du colonel LE PULOCH, commandant des TFSAP. Celui-ci a remplacé à ce poste le général LORILLOT qui a quitté l'Indochine en juin 1948. (Le général LORILLOT y sera de nouveau affecté en août 1949 avec les fonctions de commissaire de la République dans le Centre-Vietnam et de commandant des Forces Terrestres du Centre Vietnam et des Plateaux). Après l'opération « Typhon », qui se révèle être un échec, ce même bataillon d'intervention enchaîne à compter du 28 décembre une opération dans le massif du Dong Bo, massif rocheux couvert de forêt dense, au sud de Nha Trang. Les résultats de cette opération sont également très mitigés...

Au début de l'année 1949, la 2/3ème BMEO du lieutenant CUNIBILE retrouve ses quartiers à Phan Thiêt. Il est prévu que fin mars elle soit envoyée au repos à M'Drak en pays Rahdé, où elle doit y remplacer la 4ème Cie du lieutenant GIRIER. D'ici là elle participe à différentes opérations, soit par sections détachées, soit en sous-groupements constitués aux ordres d'un officier du 3ème BMEO ou du 2ème REI.

Pour son comportement au cours de l'une de ces opérations du côté de Long Huong, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Phan Ri, le caporal-chef Noël RICHARD est cité à l’ordre de la brigade par le colonel Louis LE PULOCH, avec attribution de la Croix de Guerre avec étoile de bronze : « Le 15 février 1949, à Long Huong, se saisissant du FM de son groupe, s'est élancé au secours de son chef de section [lieutenant MISEROUX ou adjudant BÉCHARD] dangereusement menacé, l'a dégagé et a forcé l'adversaire à se replier avec de lourdes pertes ». A cette date, le colonel LE PULOCH a pour adjoint le lieutenant-colonel LEFEBVRE d'ARGENCÉ, défenseur en mars 1945 de la citadelle d'Hanoi. (Le lieutenant-colonel NICOLAS, précédent adjoint du colonel LE PULOCH, s'est suicidé au tout début de l'année 1949, peu après l'opération « Typhon »).

Le sergent BEAUCHAMP participe également à certaines de ces missions, ce qui lui vaut une citation à l'ordre de la division par le colonel LE PULOCH, avec attribution de la Croix de Guerre avec étoile d'argent : « Jeune sous-officier énergique et calme au feu a donné la preuve de sa valeur et de ses qualités de Chef au cours des opérations menées dans le Tuy Phong (Sud-Annam) en février 1949 où de lourdes pertes en personnel et en matériels furent infligées aux rebelles. Recevant après ces opérations le commandemant du Poste de Phan Ri Port, a réussi, grace à son sens politique et à ses interventions incessantes, à ramener le calme dans cette localité agitée par une propagande rebelle intensive ».

Liste, non exhaustive, des personnels français ayant été présents au 3ème Bataillon de Marche d'Extrême Orient en 1948 et 1949 : [Effectifs-3eBMEO.pdf]. A noter en particulier l'adjudant Marc REUILLON et l'adjudant Ange PARSIANI. Ce dernier, qui était sous le commandement du capitaine RAPHANAUD l'un des sous-officiers du train blindé de la Légion, est souvent présenté comme ayant fait partie du 2ème REI. Lorsqu'il est tué le 2 juin 1950 près de Phan Ri, il est en fait le chef d'une section d'intervention du 3ème BMEO dédiée à la protection de ce train  (anciennement « Train blindé Sud », dont l'appellation officielle est, depuis le 10 février 1950, « Train Blindé n°1 de la zone Sud et Plateaux »). L'affectation de l'adjudant PARSIANI en 1948 et 1949 n'est donc pas très claire : 3ème BMEO ou 2ème REI ?


Nota :

[1] L'adjudant LAY, auxiliaire de l'officier de renseignement du sous-secteur de Phan Thiêt, est le chef d'un commando Cham. Le 30 décembre 1949 il quitte momentanément le 3ème BMEO pour le 5ème BMEO. [Il doit donc avoir travaillé avec le lieutenant André PIERROT du 5ème BMEO, lequel était l'officier de renseignement du secteur de Phan Thiêt lorsqu'il est tué le 7 octobre 1950]. L'adjudant Louis LAY réintègre le 3ème BMEO le 21 octobre 1950 [toujours en tant qu'adjoint de l'officier de renseignement qui est alors le lieutenant KLEIN], et ce jusqu'en mai 1951, date à laquelle il décolle de Saigon pour la France. M. Louis LAY, ancien enfant de troupe de Dalat, est décédé en juillet 2010. Voir sur le site de l'AETD son parcours militaire : Louis LAY.



Le 16 octobre 1948, Maurice MILLOUR est muté à la 16e Cie du 4ème BMEO à Kon Plong, à une centaine de kilomètres au nord-est de Kontum, sur la route qui mène à la mer. [Cf. les photos du 4e BMEO, ainsi que les effectifs, non exhaustifs, surtout en ce qui concerne les soldats autochtones, de cette compagnie : Effectifs-16eCie.pdf]. La genèse de ce bataillon est similaire à celle du 3e BMEO : créé en janvier 1946 par le chef de bataillon BUTTIN avec un recrutement à base de Moïs de la région de Kontum. Il est constitué d'une Compagnie de Commandement du Bataillon (CCB 4) et de quatre compagnies de combat numérotées de 13 à 16. (Au dernier trimestre de l'année 1947, la 17e Cie du 4ème BMEO a été transformée en Compagnie d'Instruction).

Les effectifs du 4ème BMEO sont de l'ordre d'un millier d'hommes, non comprise la Compagnie d'Instruction, dont environ deux cents Français. La moitié d'entre eux est affectée à la CCB, l'autre moitié étant répartie entre les quatre compagnies de combat. [Cf. dans le tableau ci-joint les effectifs français du 4ème BMEO pour les années 1948 à 1951 : Effectifs-4eBMEO.pdf]. Les compagnies de combat comprennent environ 180 hommes, correspondant probablement à un effectif théorique de 173 hommes, et sont organisées en quatre sections de fusiliers voltigeurs (trois groupes de combat par section). Elles sont encadrées par deux officiers français et une quinzaine de sous-officiers français et autochtones, auxquels s'ajoutent une dizaine d'hommes de troupe français, caporaux et soldats. Les montagnards sont répartis dans les compagnies en fonction de leur ethnie : les tirailleurs des 14e et 16e Cies sont d'origine Sédang, ceux de la 15e Cie sont des Djarais, tandis qu'au sein la CCB et la 13e Cie les deux ethnies cohabitent. L'armement des compagnies de combat du 4ème BMEO est très similaire à celui du 3ème BMEO : la 16e Cie dispose d'un fusil mitrailleur FM 24/29 par groupe de combat, d'un mortier de 120 mm en poste fixe à Kon Plong et d'un mortier de 50 mm pour les sorties, tous les deux armés par le caporal Jean HILLION, probablement de quelques lances grenades VB, et enfin de pistolets mitrailleurs MAS 38 ou Sten pour les sous-officiers, la majorité des hommes de troupe étant équipée de fusils canadiens réformés.

Le 4ème BMEO, commandé depuis le 1er février par le chef de bataillon JULÉ, est stationné dans les régions d'An Khê, Pleiku, Kontum et Kon Plong. Ses principales missions consistent, tout d'abord à assurer la protection et le ravitaillement des postes avancés, mais également à garder le contact avec la population locale, d'une part pour la gagner à la cause de la France et, d'autre part, recueillir des renseignements sur les déplacements ennemis ; à empêcher la pénétration viêt-minh en détruisant ses camps de passage ; à harceler les éléments ennemis en leurs tendant des embuscades, aussi loin que possible dans les territoires qu'ils contrôlent et, une ou deux fois par mois, à procéder à l'ouverture de la route entre An Khê et Pleiku et assurer la protection des convois de ravitaillement qui l'emprunte.

Les combats consistent donc généralement en embuscades à l'initiative de l'un ou l'autre des adversaires, combats qui se déroulent après des heures ou des jours de marche exténuante dans la jungle Moï, sous une pluie tropicale ou sous une chaleur torride et un soleil implacable. La végétation luxuriante et agressive abrite une faune également aussi riche que dangereuse : panthères, tigres, gaurs, singes, serpents, armées de moustiques ou d'insectes divers... A cela s'ajoute la traversée des nombreux cours d'eau infestés de sangsues dont chacun, fumeur ou non, apprend rapidement à se débarrasser à chaque halte en les brulant avec une cigarette. Dans de telles conditions, la moindre blessure peut rapidement dégénérer, le premier hôpital étant bien souvent à plusieurs jours de marche.

Accessible depuis Kontum par 80 km de mauvaise piste, Kon Plong est, avec celui de Dak Gley, l'un des postes  français les plus au nord dans les Hauts Plateaux du Sud-Annam, en limite des territoires contrôlés par le Viêt-Minh ; territoires dont certaines zones montagneuses sont relativement inexplorées et laissées en blanc sur les cartes de l'époque. La principale ethnie de la région est celle des montagnards Hrés, dont les hommes, aux trois-quarts nus, sont simplement vêtus d'un pagne ceint autour des reins, un pan devant un pan derrière : le « trousse-couilles » selon l'appellation couramment répandue au sein du corps expéditionnaire. Armés de petites arbalètes et de coupe-coupe, ces montagnards qui sont de redoutables chasseurs peuvent se transformer en d'endurants combattants. Les femmes, souvent sculpturales quand elles sont jeunes, vont les seins nus en longues jupes étroites. 

Le poste de Kon Plong, cerné par une vaste étendue de forêts et de montagnes, est bâti sur un mamelon au dessus d'une large cuvette abritant un village Moï. Les bâtiments du poste sont entièrement en rondins, à l'exception de deux bâtiments en briques et de quelques toits en tôles sur lesquels, pendant les six mois que dure la mousson, résonnent des averses diluviennes. Le bâtiment principal fait approximativement 25 m de long pour 5 à 6 m de haut et autant en largeur. Il abrite notamment à chacune de ses extrémités l'infirmerie et le local radio. Sa face la plus vulnérable, celle qui fait face à la prairie, est doublée d'un mur en rondins percé de meurtrières. L'enceinte du poste est également en rondins : deux murs parallèles dont l'espacement, de 60 à 70 cm, est rempli de caillasse et de terre, le tout renforcé de bambous fendus fixés entre les rondins pour limiter l'érosion par la pluie ; construction réalisée sans un seul clou, les assemblages étant faits avec du rotin tressé. Lors des grosses averses, malgré les précautions prises, les eaux de ruissellement attaquent ci et là cette construction, y creusant des trous qu'il faut régulièrement combler.

Au matin, pas besoin de clairon ni même de réveil : des troupes de gibbons vivant dans la forêt avoisinante accompagnent chaque levé du soleil d'un boucan à crever les tympans. La règle est néanmoins de ne rien tenter pour les faire fuir, car, telles les oies du Capitole, ils agissent également comme alarme : ne plus les entendre signifie qu'ils ont été dérangés et chacun dans le poste redouble alors de vigilance.

En 1948, le ravitaillement de Kon Plong est encore effectué tous les trois mois depuis Kontum par convois de cinquante à cent charrettes à bœufs. A la saison sèche, une piste sommaire permet à des Morane Saulnier MS-500 Criquet d'atterrir à proximité du poste. [Quand René RIESEN arrive à Kon Plong au début de l'année 1950, les liaisons entre Kontum et Kon Plong sont intégralement assurées par des camions 4x4 et 6x6].

Le 4 février 1948, le deuxième classe Gilbert REUILLE débarque à Saigon du Pasteur. Dépendant administrativement du 4ème BMEO, il est affecté à la 20ème Unité de Partisans (UP 20) avec pour mission d'encadrer une section de supplétifs annamites en poste au PK 19. Le PK 19, qui comme son nom l'indique est situé à 19 km d'An Khê, est l'un des cinq postes chargés de sécuriser la route entre An Khê et le col du Mang Yang. Les autres postes sont : PK 11, tenu par des Moïs du 4ème BMEO, PK 22 qui comme PK 19 est tenu par des Annamites, et enfin PK 26 et le poste du Mang Yang, tous deux tenus par des Moïs encadrés par des gardes républicains. [Cf. le livre de Gilbert REUILLE, « Indochine - Seul derrière les lignes ennemies »].

Le 1er mars, le lieutenant Claude ROMEFORT laisse le commandement de la 16/4ème BMEO au lieutenant BOUTTIER pour prendre celui de la Compagnie de Commandement des Bataillons de Marche du Sud-Annam (BMSA) créée le jour même. Le personnel autochtone de cette nouvelle compagnie est prélevé sur les effectifs du 4ème BMEO. Dans les semaines qui viennent, la Compagnie d'Instruction commandée par le lieutenant Jean ARDAILLON, qui dépendait jusque là du 4ème BMEO, va être également rattachée à la Compagnie de Commandement des BMSA.

De mars à fin juin 1948, le « Secteur des Plateaux » (également dénommé « Secteur de Pleiku ») est commandé par le colonel Henri BOURGEOIS (Compagnon de la Libération). Celui-ci, rapatrié sanitaire en urgence, décèdera au Val de Grâce le 3 septembre. Le chef de bataillon Serge AILLET assure le commandement par intérim du Secteur des Plateaux à compter du 2 juillet.

De même que le lieutenant CUNIBILE et le caporal MORANVILLE, l'adjudant André SÉRY débarque à Saigon le 26 juin, après trois semaines en mer sur le Pasteur. Il est immédiatement affecté à la CCB du 4ème BMEO à An Khê où il va prendre la tête de la section auto. Au deuxième trimestre 1949, lorsque la CCB 4 déménagera pour Pleiku, l'adjudant SÉRY restera à An Khê, quittant le commandement de la section Auto du bataillon, mais conservant celui de son détachement local. Jusqu'au 30 octobre 1950, date de son rapatriement vers la France, l'adjudant SÉRY va assurer nombre de convois de ravitaillement entre An Khê et Pleiku par le col du Mang Yang, mais également avec Saigon ou Dalat, la plupart du temps en tête du convoi dans son scout-car Humber. A noter qu'André SÉRY avait indiqué à son fils Claude qu'étant le seul soldat du quartier d'An Khê sachant jouer du clairon, il se voyait régulièrement confier, lors des prises d'armes et cérémonies, la tâche jouer les sonneries officielles, et ce bien qu'ayant le grade d'adjudant. Autre participation, plus anecdotique, d'André SÉRY à la vie sociale d'An Khê : son appartenance à la compagnie de théâtre des « crapauds buffles » qu'il avait créée avec d'autres collègues pour animer les fêtes [2].

Ordre de bataille du 4ème Bataillon de Marche d'Extrême-Orient au 1erjuillet 1948 :

État-Major An Khê Commandant JULÉ Cdt du bataillon


Capitaine LAPORTE Capitaine Adjoint


Sous-lieutenant LEMAIRE Officier de Renseignement
CCB 4 An Khê Capitaine LAPORTE Cdt de la compagnie


Adjudant-Chef DUMOULIN Roger Chef de la section PC de Commandement


Sous-lieutenant LEMAIRE Chef de la section Transmissions


Sergent-Chef ZARATE Georges Chef de la section Pionniers


Caporal-Chef MAIGRE Chef de la section Bren Carriers


Sergent-Chef
LE LABOUSSE Louis Chef de la section Mortiers de 3 pouces


Sergent PAVIOT Chef de la section Auto


Adjudant-Chef GIUDICELLI Louis Chef de la section administrative


Médecin Capitaine RONDET Jean Médecin-Chef du quartier d'An Khê
13ème Cie Cuu An Capitaine MAYS Jean Cdt de la compagnie et du sous-quartier
(2 sections et 2 GC à Cuu An,
1 section à Tu Thuy,
1 GC à Hon Cho)
Adjudant-Chef NAUDET Alfred Chef de section et du poste de Tu Thuy
Adjudant-Chef JOHNSON Ernest Chef de section (Cuu An)
Adjudant CAPELLI Chef de section (Cuu An)
Sergent-Chef VILLONS Louis Chef de section (Cuu An)
Sergent VLAEMINCK Chef du poste d'Hon Cho
14ème Cie An Khê Capitaine FONS Paul Cdt de la compagnie 
(Réserve de secteur) Aspirant VIRET Chef de section
Sergent-Chef MINEL Robert Chef de section
Sergent-Chef JEAN Michel Chef de section


Sergent-Chef CARON René
Chef de section
15ème Cie An Khê Capitaine DÉCLIDE
Cdt de la Compagnie
(Réserve de sous-secteur) Adjudant SŒUR Gaston Chef de section
Adjudant BÉDOURÈDE Roger Chef de section
Sergent-Chef ROGER Yvon Chef de section


Sergent-Chef OUILL Chef de section
16ème Cie Pleiku Lieutenant BOUTTIER
Cdt de la compagnie
(2 sections à Pleiku,
2 sections à Kon Plong)
Sous-lieutenant CRITTIN Jean
Chef de section, du sous-quartier et du poste de Kon Plong
Adjudant HAXAIRE Gabriel Chef de section
Adjudant SYLVANT Chef de section


Adjudant TISSERAND Pierre Chef de section

Les postes d'An Tach et de Kannak sont tenus par la Garde Indigène. Les postes du sous-quartier sud d'An Khê (Pagode, Déo Mang, Tourelle) sont quant à eux tenus par une section de la 2ème batterie du GACAOF. Le commandant du sous-quartier sud est le sous-lieutenant PÈRE.

Le 9 juillet, les lieutenants BLANC, LANTERNIER, l'aspirant BOUGAN ainsi que six sous-officiers et dix hommes de troupe arrivent à An Khê pour y être affectés au 4ème BMEO. Ils seront rejoints le 16 juillet par le lieutenant Marie-François GILBERT-BIDEAU, puis le 22 juillet par le capitaine LAURENT accompagné de quatre hommes de troupe. Le capitaine LAURENT prend le commandement de la 15/4ème BMEO.

Le 15 juillet, le lieutenant ARDAILLON fait mouvement de Kontum à Chéo Réo pour y créer la 2ème Compagnie de Marche des Plateaux (CMP 2). La 1ère Compagnie de Marche des Plateaux (CMP 1) avait été créée le 15 février 1947 par le capitaine PARISOT à partir de quatre sections du 22ème RIC ; sous les ordres du capitaine ROUQUIER, elle est en charge du quartier de Song Ba M'La. Le capitaine ROUQUIER est décrit comme étant l'archétype de l'officier colonial : râblé, le verbe fort, ayant participé aux combats contre les Japonais au Tonkin en mars 1945. [S'agit-il du capitaine ROUQUIER qui commandait en mars 1945 la 6/II/19ème RMIC à Dam Ha ; lequel commanda également le commando franco-américain qui effectua en août un coup de main sur Langson (dernier combat de l'Armée Française au cours de la 2ème Guerre Mondiale) ?]. Le recrutement de la CMP 2 est principalement constitué de partisans des UP 21 et UP 25, complété de soldats issus de la Compagie d'Instruction du BMSA. L'encadrement de la CMP 2 consiste, outre le lieutenant ARDAILLON et le sous-lieutenant Dominique PASCAL, celui-ci également issu de la CI/BMSA, en une trentaine de sous-officiers et hommes de troupes européens provenant des différentes unités du secteur.

Le 30 juillet, la section de la 14/4ème BMEO du sergent-chef MINEL, qui assure la sécurité fixe au col de Mang Yang pour le passage du convoi d'An khê à Pleiku, tombe à cinq heures du matin sur une forte bande rebelle préparant une embuscade (300 à 500 hommes). Au cours des combats qui s'ensuivent, le groupe commandé par le 2ème classe Jean LAGUILLON est quasiment anéanti. Les pertes amies sont de quatre tués, dont le soldat LAGUILLON, et de trois blessés.

Le 6 août, les lieutenants JUBIN et BAŸT sont affectés au 4ème BMEO. [Cf. le livre de Constant JUBIN, « Espère à vie »] [3]. Ils rejoignent Pleiku qui va devenir le PC du bataillon dans les jours suivants. Depuis Pleiku, ils sont tous les deux redirigés sur An Khê qui est alors un gros bourg de 600 à 800 habitants dont seulement quelques maisons sont en dur, les autres étant en torchis recouverts de paille. Le lieutenant BAŸT est affecté à la 14e Cie du capitaine FONS et le lieutenant JUBIN à la 15e Cie du capitaine LAURENT.

Le soldat René BALLANGER, infirmier, arrive à l'infirmerie de la CCB 4 à An Khê le 10 août 1948. Nommé caporal en septembre, puis caporal-chef en juin 1949, il quittera le 4ème BMEO le 25 octobre 1950. (Nommé sergent en novembre 1950).

Egalement à la CCB du 4ème BMEO à la même époque, le soldat Marc MERCIER. Celui-ci, parti de France fin 1947, est arrivé en Indochine début 1948. Après une formation au CITT (Centre d'Instruction Technique des Transmissions) de Thu Dau Mot, à une vingtaine de kilomètres au nord de Saigon, il est affecté comme radio à la CCB 4. Au cours de son séjour il passera un an au poste de Plei Djama et sera successivement nommé caporal, caporal-chef puis sergent. Il rentrera en France au 3ème trimestre 1950, après trente mois passés en Indochine, soit six mois de prolongation.

La garnison d'An Khê comprend environ 600 hommes dont la majeure partie est cantonnée à An Khê, le reste étant dans des petits postes situés à quelques kilomètres du bourg : Gia Hoi, Kannak, Tu Thuy, la Pagode, Cuu An, Hon Cho, Déo Mang. Les 14e et 15e Cie du 4ème  BMEO, qui comme la 13e Cie et la majeure partie de la CCB sont cantonnées à An Khê, sont des compagnies d'intervention aux profits respectifs du Secteur et du quartier d'An Khê. La garnison d'An Khê comporte nominalement neuf officiers : le commandant du quartier (également commandant de la CCB), un capitaine et un lieutenant pour chacune des compagnies en poste à An Khê, un lieutenant de renseignement et un médecin.

Le 15 août 1948, le « Secteur des Plateaux » devient le « Secteur de Ban Me Thuot ». Celui-ci se compose des deux sous-secteurs de Pleiku, commandé par le chef de bataillon JULÉ, et de Ban Me Thuot, commandé par le chef de bataillon Raymond LACANAL, dont le PC est intégré dans celui du secteur. Le sous-secteur de Pleiku est lui même constitué des quartiers de Kontum (capitaine de BONY de LAVERGNE, Compagnie d'Instruction), d'An Khê (capitaine LAPORTE) et de Song Ba M'La (capitaine ROUQUIER, CMP 1). Celui de Ban Me Thuot comprend quant à lui les quartiers de Ban Me Thuot (lieutenant ROMEFORT, Compagnie de Commandement des Bataillons de Marche du Sud-Annam) et de M'Drak (capitaine SOL, 3/3ème BMEO).

Le 13 septembre, le capitaine LAURENT est muté à Kontum comme commandant du quartier et de la Compagnie d'Instruction en remplacement du capitaine de BONY de LAVERGNE muté à Nha Trang ; le lieutenant JUBIN le remplace à la tête de la 15/4ème BMEO. Le capitaine ROUQUIER prend les fonctions de commandant de la CCB 4 et du quartier d'An Khê précédemment tenues par le capitaine LAPORTE. Il est lui-même remplacé au commandement de la CMP 1 et du quartier de Song Ba M'La par le capitaine DÉCLIDE.

Le 16 septembre, une opération d'envergure est entreprise contre le camp viêt-minh de Plei Groi. Déclenchée depuis Chéo Réo, cette opération dont le nom de code est « Ouragan », regroupe 600 hommes et 300 « coolies » sous le commandement des chefs de bataillon AILLET et JULÉ. Elle est articulée en trois groupements :

Le 25 septembre, les différentes unités ayant participé à l'opération « Ouragan » sont de retour à An Khê. Compte tenu des moyens mis en œuvre et de sa durée, une quinzaine de jours si l'on tient compte de la mise en place, cette opération est un échec, les villages ayant été abandonnés et le camp de Plei Groi vidé de ses combattants et de ses armes avant l'arrivée des Français. Le bilan de l'opération se résume aux paillotes du camp rebelle brûlées, à quelques tonnes de paddy détruites et à une demi-douzaine d'ennemis abattus.

Le 13 octobre, le lieutenant-colonel Jean MORVAN prend le commandement du Secteur de Ban Me Thuot en remplacement du commandant AILLET qui devient son adjoint. Le lieutenant-colonel MORVAN, ami de la famille MILLOUR [4], apprend par une note de service la mutation par mesure de discipline du soldat Maurice MILLOUR dans son secteur. A la demande de mon grand-père, il écrit au chef de bataillon et au commandant de compagnie de Maurice, respectivement commandant JULÉ et capitaine VALENTIN, afin d'attirer leur attention sur celui-ci.

A partir du 14 novembre, le lieutenant JUBIN mène une opération depuis An Khê en vue de détruire la base viêt-minh de Bong Hong, près du col de Tra My dans la province de Quang Nam, à 180 km au nord-est de Pleiku, au delà des sommets de Ngoc Pan (2 250 m) et Ngoc Linh (2 600 m). Le petit groupe qu'il commande est constitué de la section de l'adjudant SŒUR, d'une section de la 14/4ème BMEO commandée par le sergent-chef MINEL et d'une section de gardes montagnards ; la logistique est assurée par 150 « coolies ». Le délégué de Dak To [M. JÉRUSALÉMY ?] et M. BELOT, Inspecteur de la Garde Montagnarde de Kontum, participent à l'opération. Il s'avère au bout de quelques jours que les moyens mis en œuvre sont insuffisants : deux sections du Peloton des Elèves Gradés (PEG), commandées par le lieutenant GIBOU, et deux sections supplémentaires de la Garde Montagnarde sont envoyées en renfort. 

Contrairement à l'opération « Ouragan », cette opération va se révéler être un franc succès : depuis le poste de Dak Gley instauré en camp de base, le camp retranché de Bong Hong est attaqué et détruit au prix d'une quinzaine de blessés légers et d'un blessé grave, le sergent Hervé ARZEL. Celui-ci, après quatre jours de transport dont deux jours et demi de brancardage, est conduit à l'hôpital de Pleiku où le lieutenant PARODI, chirurgien, va pouvoir l'opérer et lui sauver la vie. Le 17 décembre, les deux sections du 4ème BMEO commandées par le lieutenant JUBIN sont de retour à Kontum ; le 20 décembre elles sont à An Khê. Deux sections de la Garde Montagnarde restent sur place afin d'y installer un poste chargé d'assurer la protection des populations Moïs locales [Poste de Plei Tounang ?]. Les deux sections du PEG du lieutenant GIBOU restent également sur place pour construire un second poste au col de Tra My, poste sans lequel celui de la Garde Montagnarde serait dans une situation précaire. Ce poste prend initialement le nom de « Poste du Bong Hong » avant de devenir « Poste du col de Tramy ». Le 31 décembre, le groupement GIBOU est de retour à Kontum.

Fin 1948, la totalité des effectifs de la 14/4ème BMEO va renforcer les différents postes avancés du quartier ; la 15/4ème BMEO reste la seule unité d'intervention, au profit du secteur de Ban Me Thuot.


Nota :

[2] André SÉRY effectuera un deuxième séjour en Indochine du 25 juillet 1952 au 30 septembre 1954. Il sera alors affecté au Commando Marine n°32, « Commando Jacques Senée », et y assurera le commandement de la base arrière du commando sur l'Ile Rousse, au large de Campha Mines sur les bords de la Baie d'Along. Cf. le texte du chef de bataillon Francis AGOSTINI, lui même ancien du Commando 32, texte présentant une photo de l'adjudant-chef SÉRY : « Création et mise sur pied du commando 32 ».

[3] A noter que dans le livre de Constant JUBIN on trouve des photos qui sont, soit identiques à des photos retrouvées dans les affaires de mon oncle Maurice : « Maison commune toiture remarquable », soit très proches de celles-ci et visiblement prises les mêmes jours : « Autre maison commune » (photo prise du même endroit, mais le personnage est debout près du vélo), «  Femmes Moïs et jeune garçon » (la prise de vue est différente, mais on y retrouve les mêmes personnages dans les mêmes tenues).

[4] Les familles MORVAN et MILLOUR, toutes deux brestoises d'origine, étaient en Indochine lors du coup de force japonais du 9 mars 1945 ; de juin à septembre 1946 les MORVAN ont habité à Saigon chez les MILLOUR. En 1941-42, le lieutenant-colonel MORVAN, alors chef de bataillon, était le commandant du I/3ème RTT à Dap Cau. Il semble que le lieutenant-colonel MORVAN, avant de prendre le commandement du Secteur de Ban Me Thuot, était le chef de corps du Régiment de Marche du Tchad.


1949

Ordre de bataille du 4ème Bataillon de Marche d'Extrême-Orient au 1er janvier 1949 :

État-Major Pleiku Commandant JULÉ Cdt du bataillon et du sous-secteur de Pleiku


Lieutenant MAYS Jean Officier de Renseignement du sous-secteur de Pleiku


Médecin Lieutenant PARODI Louis Médecin-Chef de l'hôpital de Pleiku
CCB 4 An Khê Capitaine ROUQUIER Eugène Capitaine Adjoint, Cdt de la CCB 4 et du quartier d'An Khê


Sergent-Chef BARBIER Chef de la section PC de Commandement


Sergent AMÉE Jacques Chef de la section Transmissions


Sergent-Chef ZARATE Georges Chef de la section Pionniers




Chef de la section Bren Carriers


Sergent-Chef LE LABOUSSE Louis Chef de la section Mortiers


Adjudant-Chef SÉRY André Chef de la section Auto


Adjudant-Chef GIUDICELLI Louis Chef de la section administrative


Médecin Capitaine NOËL Étienne Médecin-Chef du quartier d'An Khê
13ème Cie Cuu An Lieutenant GILBERT-BIDEAU
Marie-François
Cdt de la compagnie et du sous-quartier
(2 sections et 2 GC à Cuu An,
1 section à Tu Thuy,
1 GC à Hon Cho)
Adjudant-Chef NAUDET Alfred Chef de section (Cuu An)
Adjudant-Chef JOHNSON Ernest Chef de section et du poste de Tu Thuy
Adjudant CAPELLI Chef de section (Cuu An)
Sergent-Chef GUILBEAUD Chef de section (Cuu An)
Sergent VLAEMINCK Chef du poste d'Hon Cho
14ème Cie An Khê Capitaine FONS Paul Cdt de la compagnie 
(Réserve de secteur) Lieutenant BAŸT Régis Officier Adjoint, Chef de section
Adjudant-Chef CAUDRON Chef de section
Sergent-Chef MINEL Robert Chef de section


Sergent-Chef JEAN Michel Chef de section
15ème Cie An Khê Lieutenant JUBIN Constant Cdt de la Compagnie
(2 sections à An Khê,
2 sections à Déo Mang)
Aspirant BOUGAN Charles Chef de section
Adjudant BÉDOURÈDE Roger Chef de section
Sergent-Chef VACHER Chef de section


Sergent-Chef COURTIN Jean Chef de section
16ème Cie Pleiku Capitaine VALENTIN Raymond Cdt de la compagnie
(1 section à Pleiku,
2 sections à Kon Plong,
1 section à Kon Braih)
Lieutenant CASANOVA Joseph Chef de section et du poste de Kon Plong
Adjudant SYLVANT Chef de section
Adjudant TISSERAND Pierre Chef de section
Sergent-Chef BERTHOZ Georges Chef de section et du poste de Kon Braih
Peloton d'Élèves Gradés   Kontum Lieutenant GIBOU Directeur des Pelotons (2 sections)

Adjudant JACQUET Chef du poste de Bong Hong (1 section)

Le commandant du sous-quartier sud d'An Khê et du poste de Déo Mang est le lieutenant NER du GACAOF, également chef du poste de La Pagode.

Le 8 janvier 1949, Gilbert REUILLE, accompagné d'une quinzaine de ses hommes, est en charge de l'ouverture de la RC 19 vers Pleiku entre le PK 19 et le PK 11. Arrivés vers le kilomètre 17, ils se retrouvent au centre du dispositif viêt-minh estimé à 200 hommes qui est sur le point d'attaquer un convoi de neuf véhicules. La petite troupe de REUILLE, submergée par le nombre, tente de se replier vers le convoi bloqué au début de l'embuscade. Il s'ensuit un combat à l'arme blanche qui vaut à Gilbert REUILLE une blessure par baïonnette à la joue ; un peu plus tard, il sera également blessé au mollet par une fléchette fichée dans le sol. Le convoi est finalement dégagé par des renforts venus d'An Khê (éléments de la 14/4ème BMEO) et de Pleiku (une section de voltigeurs et trois scouts-cars du 5ème Escadron du 5ème Régiment de Cuirassiers). Le bilan de cette embuscade est de six tués (trois chauffeurs nord-africains, deux tirailleurs et un garde montagnard), huit blessés, deux disparus et quatre véhicules incendiés. Les pertes rebelles connues sont de vingt et un tués.

A sa sortie de l'infirmerie REUILLE se voit confier la mission de recruter une section de commandos, toujours à partir de supplétifs annamites. Celle-ci, basée à An Khê, aura comme terrain d'action privilégié la plaine de Qui Nonh.

Le 16 février 1949, le caporal Mathurin LE BOURVELLEC décède à An Khê des suites d'une blessure par fléchette empoisonnée.

Le 15 février, deux sections du Peloton d'Élèves Gradés aux ordres du lieutenant GIBOU quittent Kon Braih à destination de Mang Buk. Elle y rejoignent le 17 février un groupe de gardes montagnards de Dak To et l'administrateur Jean JÉRUSALÉMY. Il est décidé de créer un nouveau poste à Kon Kléang, à quelques kilomètres au nord de Mang Buk. Une section de gardes montagnards reste sur place pour en commencer l'établissement pendant que le reste du groupement part en direction de Vimang, à la recherche de bandes et postes viêt-minhs. Le 21 en fin de matinée, la petite troupe du lieutenant GIBOU tombe dans une forte embuscade qui va griévement blesser le lieutenant. L'inspecteur BELOT de la Garde Montagnarde prend le commandement de la colonne qui, après avoir réussi à se dégager, part à marche forcée vers Mang Buk, puis vers le Plateau GI où deux jeeps de l'antenne chirurgicale prennent en charge le blessé. Le lieutenant GIBOU sera opéré par le médecin capitaine PARODI à Kon Braih le 24, puis évacué  par avion sanitaire vers Saigon avant d'être rapatrié vers la Métropole.

L'opération « Baroud », partie d'An Khê le 23 février, a pour but d'accrocher les éléments viêt-minhs du TD 210 [Trung ?oàn : régiment viêt-minh] stationnés le long de la piste entre Phu My et Plei Groi. L'effectif engagé sous les ordres du capitaine ROUQUIER comprend :

Cette opération permet de constater l'éviction du TD 210 de son ancienne base de Plei Groi. Elle se traduit pour les forces viêt-minhs par vingt-trois tués certains et une vingtaine de tués ou blessés probables, sans aucune perte du côté ami. Le 2 mars, les éléments de l'opération « Baroud » font mouvement en camions depuis La Pagode vers An Khê.

Le 5 mars, le chef de bataillon Gaston MILLE remplace le chef de bataillon JULÉ, muté à Saigon, à la tête du 4ème BMEO et du sous-secteur de Pleiku. Début mars également, l'état-major et la CCB du 3ème BMEO quittent Phan Thiêt pour Phan Ri : le 3ème BMEO prend le commandement du quartier de Phan Ri.

Mi-mars, le colonel LE PULOCH, commandant des TFSAP, et le lieutenant-colonel MORVAN sont en tournée d'inspection. Le 16, ils sont au poste de Kon Plong.

Le 17 mars, une nouvelle opération sous le commandement du capitaine ROUQUIER, l'opération « Whisky », est lancée depuis Cuu An vers l'Est en direction de Tien Long et du col du Bobo. Ses effectifs sont équivalents, voir identiques, à ceux de l'opération « Baroud » : une section de commandement (mortiers, transmissions, groupe sanitaire de la CCB 4) et six sections de fusiliers voltigeurs : deux sections de la 14e Cie, deux sections de la 15e Cie et deux sections de la CMP 2 venues de Plei Djama. Le groupement est de retour à An Khê le 19 au soir. Le bilan de l'opération est de quatre blessés légers (tous de la CMP 2), pour douze soldats ennemis tués. Le PC du TD 53 à Tien Long a été détruit.

Le 23 mars, arrivée à Ba N'Goï (Cam Rahn) dans le sous-secteur de Khanh Hoa (secteur de Nha Trang) de la 1ère compagnie du BILOM aux ordres du capitaine Roger TAP. Le BILOM (Bataillon d'Infanterie Légère d'Outre-Mer) est constitué d'ex-détenus politiques pour faits de collaboration : anciens miliciens, gestapistes ou SS, encadrés par des officiers et sous-officiers de la Coloniale, qui trouvent là l'occasion de se racheter. Elle sera rejointe en mai par la 2ème compagnie du capitaine Pierre BÉGUÉ [5].

Le lieutenant Jacques PIERRE a été affecté au 4ème BMEO le 1er février 1949 [6]. Le 29 mars, à la suite d'un renseignement, il part depuis Kon Plong à la tête d'une section de la 16/4 ème BMEO à la recherche de rebelles dans la région de Kon Kléang dont le poste est tenu par la Garde Montagnarde. Retour au poste de Kon Plong le 2 avril, après trois jours de patrouille sans résultat vers Mang Buk et  Kon Kléang.

En avril 1949, après avoir suivi une formation à l'hôpital de Pleiku, le soldat Raymond BELLEI est affecté comme infirmier au poste de Kon Plong. (A son arrivée à Saigon un an plus tôt, le 23 mai 1948, Raymond BELLEI avait été affecté à Pleiku à la 16/4ème BMEO). Pendant son séjour à Kon Plong, étant le seul infirmier du poste, Raymond BELLEI va être de toutes les opérations. Par contre, les patrouilles et corvées extérieures au poste lui sont épargnées. Pour ces sorties il est armé, comme les autres soldats, d'un fusil, de deux cent cinquante cartouches et de deux grenades. Au delà du secours aux soldats blessés ou malades, l'infirmier du poste a également la mission de soigner les villageois rencontrés à chaque halte lors de ses sorties : plaies légères, maux de ventre, maux de tête... Les cachets d'aspirine ou de quinine, emportés en grande quantité par le soldat BELLEI, sont d'une remarquable efficacité sur ces organismes inhabitués aux médicaments. Certains villageois viennent directement à Kon Plong, parfois de très loin, pour se faire soigner. Une cagna leur est réservée à l'intérieur du poste où ils peuvent se reposer et où ils sont nourris pendant leur séjour au poste. Les soldats du poste ne négligent pas ces sources de renseignement : Ont-ils rencontré des viêts ? Combien étaient-ils et dans quelle direction allaient-ils ? Quel était leur armement ?...

A Kon Plong les distractions sont rares : des livres que l'on se passe les uns aux autres et le soir, de temps en temps, des parties de cartes au vingt-et-un avec des cigarettes comme mises. A la fin de la soirée elles sont tellement sèches d'être passées de mains en mains qu'il n'en reste que le papier. La Croix-Rouge a fait parvenir un banjo et un petit accordéon ainsi qu'un ballon de football ; les plus acharnés au foot sont les caporaux Marcel PETITJEAN et Jean BOTTIN. L'ordinaire, bien que simple, est plutôt satisfaisant, à la fois en qualité et quantité : le riz est naturellement l'aliment principal, cuisiné au gras ou au cari, parfois accompagné de corned beef ou de buffle, mais plus rarement de poisson séché. De temps en temps, pour varier et améliorer l'ordinaire, des boîtes de ration individuelle avec sachet de soupe, fromage Primula, petite boite de confiture et biscuits secs. Le cuistot, originaire de Pondichéry et qui est très apprécié, prépare plus rarement quelques frites avec du poulet du pays, voir même du pain frais. En dessert, des fruits du pays : bananes, mangues, papayes...

Pour les sorties, les Européens emportent des rations individuelles, avec leur paquet de troupes sèches comme de l'amadou : deux ou trois bouffées et elles sont déjà grillées. Les montagnards se contentent de riz et de poisson séché aromatisé de quelques herbes, le tout mis dans un bambou et cuit sur la braise ; repas qu'apprécient également les Européens.

A noter au cours du premier trimestre de l'année 1949, l'arrivée dans le Secteur de Ban Me Thuot de Jean-François DENIAU, futur ministre et académicien, qui est venu rejoindre son frère Xavier, fonctionnaire à Chéo-Réo (Garde Indigène). Un mois après l'arrivée de Jean-François, Xavier DENIAU est nommé Résident de France à Pleiku. Jean-François DENIAU, chef d'une section de supplétifs ou de partisans, restera affecté au poste de Chéo-Réo (probablement à la Garde Indigène ou à la CMP 2), jusqu'à son départ de l'Indochine fin 1949. [Cf. le livre de Jean-François DENIAU, « Mémoires de 7 vies - Tome I : Les temps aventureux »].

Le 6 avril, l'adjudant Pierre TISSERAND, chef de section à la 16/4ème BMEO, est tué par l'explosion d'une mine lors d'une embuscade entre Kon Plong et le plateau GI, à la faille du Km 11. Le lendemain, le lieutenant-colonel Jean MORVAN assiste à ses obsèques à Pleiku.

Moins d'une semaine plus tard à Ban Me Thuot, le lieutenant-colonel MORVAN prononce l'éloge funèbre du lieutenant Guy GIRIER de la 4e Cie du 3ème BMEO, tué au cours d'un assaut le 10 avril à Buon M'Are, à 5 km au sud de Cuong Son. Le lieutenant-colonel est très affecté par la mort de ce jeune père de famille de 26 ans qu'il appréciait particulièrement pour ses qualités militaires, mais aussi pour son joyeux caractère. Le lieutenant CUNIBILE, dont la 2/3ème BMEO allait relever la 4/3ème BMEO du lieutenant GIRIER à M'Drak et qui était à ses côtés lorsqu'il est mortellement touché, assiste également à son inhumation. [L'éloge funèbre prononcé par le lieutenant-colonel MORVAN est intégralement retranscrit dans le livre de R. CUNIBILE].

Le 21 avril, suite à un engagement de la 2/3ème BMEO à Than Hoi, à une dizaine de kilomètres de Cung Son, le sergent BEAUCHAMP est une nouvelle fois cité, cette fois-ci à l'ordre du régiment avec attribution de la Croix de Guerre avec étoile d'argent : « Sous-officier d'une ardeur exemplaire et toujours volontaire pour toutes les missions. Au cours d'un engagement le 21 avril 1949 à Thah-Hoi (Hauts Plateaux) s'est élancé à la tête d'une demi-section sur des éléments rebelles disposés en embuscade auxquels il a infligé des pertes sérieuses permettant la récupération d'un fusil et de nombreuses grenades »

Le 3 mai, les sous-lieutenants CARMINATI, DUREY et BOHRER, nouvellement affectés au 4ème BMEO, arrivent à Pleiku. Ils y sont rejoints le lendemain par le sous-lieutenant LE CARPENTIER de SAINTE OPPORTUNE. Le 17 mai, le capitaine VALENTIN laisse le commandement de la 16/4ème BMEO au lieutenant PIERRE pour prendre les fonctions de commandant du quartier de Peiku et d'Officier Adjoint au commandant du sous-secteur. La semaine suivante, le lieutenant BOUVIOLLE prend le commandement de la CCB 4 ; le capitaine ROUQUIER reste à An Khê comme commandant de quartier et chef du détachement du 4ème BMEO.

Début mai, le mauvais temps et les rivières en crue ont limité les opérations dans le sous-secteur de Kon Plong. Le 25, le lieutenant PIERRE quitte le poste de Kon Plong à la tête d'une cinquantaine d'hommes, dont sept Européens au total. Au cours de cette opération qui va durer deux jours, cette petite troupe va rejoindre la vallée du Song Ré par Viklum et Violac, puis remonter la rive droite du cours d'eau jusqu'à Gia Vuc. Le lieutenant PIERRE constate que le hameau de Gia Vuc abrite un centre de ravitaillement viêt-minh dont l'effectif, estimé à une section, a fuit à leur arrivée. Après avoir incendié le dépôt de vivres, les hommes de la 16/4ème BMEO reprennent la direction de Kon Plong par des chemins parfois très escarpés : un tronçon de moins de dix kilomètres sera effectué en huit heures de marche. Cette opération est l'une des toutes premières excursions de troupes françaises dans la vallée du Song Ré sous contrôle viêt-minh.

Le 9 juin, le sous-lieutenant Pierre DUREY devient le chef de poste du col de Tra My, fonction qu'il va assurer jusqu'au 1er mars 1950.  A cette date le poste de Tra My est tenu par une section du PEG de Kontum.

Le 16 juin, une section de Kon Plong qui patrouillait au Dak Long et au col de Kon Plong tombe dans une embuscade au km 20 sur la route de Kon Braih. Les pertes amies sont de trois montagnards blessés, dont un gravement ; ils sont rapidement évacués sur Pleiku. Les pertes ennemies sont de quatre tués.

Le 18 juin, le lieutenant Georges CAMBRAY, officier de renseignement de Song Ba M'la, le médecin-lieutenant Henri SERIZIER, médecin-chef du quartier, et trois soldats autochtones dont un sergent et un caporal, tous de la CMP 1, sont tués au cours d'une embuscade sur la route de Ban Xa Cay.

Le 28 juin, la 15/4ème BMEO commandée par le lieutenant JUBIN doit assurer l'ouverture de route de la RC 19 à l'ouest d'An Khê pour un convoi. Le lieutenant JUBIN et deux sections commandées par le lieutenant Henri CARMINATI et l'adjudant SŒUR doivent intervenir par le Nord et la section de l'aspirant BOUGAN par le Sud. Le 27 au matin, alors que les deux sections provenant du Nord se mettent en position, elles sont prises à partie par des troupes régulières viêt-minhs largement supérieures en hommes et armement. Le lieutenant JUBIN parvient néanmoins à garder sa position, à proximité du PK 11, jusqu'à l'arrivée des renforts emmenés par le capitaine ROUQUIER. Le bilan de cette journée de combats est lourd pour la 15e Cie : quatre tués, dont le caporal-chef Lucien LE BÉCHENNEC, et six blessés sur un effectif de quatre-vingt. Le lendemain matin, à l'arrivée sur place de la section de l'aspirant BOUGAN, une contre-attaque permet aux hommes du 4ème BMEO de se dégager. Un avion d'observation, qui avait à son bord le lieutenant-colonel MORVAN, permit d'estimer les forces ennemies à plus d'un millier d'hommes. Pour cette action la 15e Cie est citée à l'ordre de la Division, citation comportant l’attribution de la Croix de Guerre des TOE avec étoile d’argent.

Le 28 juin également, deux sections de la 13/4ème BMEO faisant la liaison entre Plei Groi et Plei Djama tombent dans une embuscade à Plei Sro, à une dizaine de kilomètres à l'est de Plei Groi. Le sergent René ORY est tué.

Au cours du deuxième trimestre, la section de commandement de la 16/4ème BMEO qui était cantonnée à Pleiku a rejoint Kon Plong. Elle est remplacée à Pleiku par une section du Peloton d'Élèves Gradés en provenance de Kontum.

Le 1er juillet 1949, le BILOM est dissous : ses deux compagnies donnent respectivement naissance aux 1ère et 2ème Compagnies de Marche du Sud-Annam (CMSA), toujours dans le sous-secteur de Khanh Hoa. Chaque compagnie à effectif de 173 hommes comprend 44 Européens ; les effectifs européens en surnombre sont affectés dans différentes formations voisines.

Le 1er juillet également, le caporal Maurice MILLOUR, qui s'est rengagé pour deux ans en juin, est nommé caporal-chef.


A partir du 2 juillet, par décision du lieutenant-colonel MORVAN, le poste de Kon Plong prend le nom de « Poste Adjudant TISSERAND », en mémoire de ce sous-officier de la 16e Cie tué trois mois plus tôt. (Cette désignation semble cependant avoir été peu usitée).

Le 10 juillet, deux groupes de la 16e Cie quittent Kon Braih pour se rendre à la rencontre d'un détachement en provenance de Kon Plong. En montant au Plateau GI, ils tombent dans une embuscade à 19 km de Kon Braih qui fait deux tués et trois morts dans les rangs des Montagnards. Les pertes viêt-minhs dénombrées sont de six tués.

Du 19 au 24 juillet, deux sections de Kon Plong renforcées par une section du peloton de Pleiku effectuent une reconnaissance dans la région de Kon Gol à quelques kilomètres à l'ouest de Kon Pong. RAS.

Du 3 au 9 août, deux sections de Kon Plong vont effectuer une opération de nettoyage dans la zone comprise entre Kon Plong et le nord-est de Kon Kléang ; le caporal-chef MILLOUR en fait partie. Le 7 août il pénètre à la tête du détachement dans le village de Ngoc Rik, environ 5 km à l'est de Kon Kléang, abattant avec sa Sten un rebelle qui essayait de s'enfuir. La citation à l'ordre du régiment datée du 15 septembre 1949 qui relate cette action précise que Maurice, « bien que remplissant les fonctions de radio du poste de Kon Plong est toujours volontaire pour les sorties importantes » et qu'il s'agit d'un « excellent chef de groupe ». Le 1ère classe BELLEI participe également à cette opération au cours de laquelle deux prisonniers sont ramenés au poste de Kon Plong. Ceux-ci vont être occupés pendant quelques jours à scier des abres pour en faire des planches. Bien qu'étant enfermés la nuit sous bonne garde dans un blockhaus, ils vont réussir à s'évader par une petite meutrière (!) et à s'échapper en rampant à travers les flèchettes plantées dans le sol autour du poste. Suite à cette évasion, le lieutenant PIERRE ordonne que deux Européens effectuent chaque nuit, à tour de rôle, des rondes pour réveiller les sentinelles indigènes qui ont visiblement tendance à s'endormir pendant leurs factions...

Dans la nuit du 18 au 19 août, harcèlement du poste de Kon Plong.

Début août, le Bataillon de Marche du 4ème RTT, qui était déployé dans le sous-secteur de Phan Thiêt depuis le 1er mai 1947, quitte l'Indochine : il débarque à Bizerte le 3 septembre 1949.

Fin août, la 13/4ème BMEO (capitaine GILBERT-BIDEAU) fait mouvement depuis An Khê pour relever la CMP 2 du capitaine Armand LAGUILLE, laquelle était en charge du quartier de Plei Djama. La CMP 2 va relever la 2/3ème BMEO à M'Drak qui à son tour va rejoindre An Khé pour y remplacer la 13/4ème BMEO.

A l'automne, le capitaine Aristide GROULARD, autre Brestois qui était arrivé en Indochine le 17 mai 1949 avec la 2ème Cie du BILOM, est muté au Secteur de Ban Me Thuot. Le lieutenant-colonel MORVAN l'affecte à Song Ba M'La (1ère Compagnie de Marche des Plateaux).

Le 1er octobre 1949, le « Secteur de Ban Me Thuot » devient le « Secteur autonome des Plateaux ». Les postes de la RC 19 qui étaient tenus par des partisans de l'UP 20 sont relevés par la Garde Montagnarde.

Le 27 septembre, le poste de Kon Braih, qui était jusque là tenu par une section de la 16/4ème BMEO, est relevé par la Garde Montagnarde de Kontum. La section de la 16e Cie, qui se rend dans un premier temps à Kontum, est destinée à relever la section de la Compagnie d'Instruction du BMSA occupant le poste de Tra My. Le 5 octobre la relève est terminée, le sous-lieutenant DUREY reste le chef du poste.

Le 14 octobre, des éléments partis en reconnaissance dans la vallée du Song Ré trois jours plus tôt, sont de retour au poste de Kon Plong. Deux embuscades, respectivement au nord de Gia Vuc et à l'est de Kon Plong, ont fait un tué et deux blessés légers dont le caporal Marcel PETITJEAN. Lors des deux embuscades, le 1ère classe BELLEI, infirmier qui accompagnait la patrouille, s'est immédiatement porté sous le feu au secours des blessés. Pour son dévouement il sera cité le 3 novembre à l'ordre du régiment avec attribution de la Croix de Guerre avec étoile de bronze. Les deux blessés sont évacués le lendemain sur l'hôpital de Pleiku. [Une carte postale du caporal-chef Maurice MILLOUR à sa famille atteste que le 2 octobre 1949 il est au poste de Kon-Plong. Il pourrait donc avoir participé à cette opération].

Le 29 octobre, le capitaine DÉCLIDE remplace le capitaine LAURENT comme commandant du quartier et commandant de la Compagnie d'Instruction des Plateaux Montagnards de Kontum. Le capitaine LAURENT rejoint Saigon mi-novembre pour y être affecté aux Transmissions.

Du 9 au 12 novembre, le lieutenant CUNIBILE prend la tête d'un petit groupement, constitué d'une section de la 2/3ème BMEO (lieutenant MISEROUX), d'une section de la 15/4ème BMEO (adjudant WILL) et d'une section du Peloton d'Élèves Gradés de Pleiku (sergent GUCHEZ), qui va attaquer et anéantir, dans le quadrilatère formé par le Dak Thong Krap et le massif du Kong Chéro, la ??i ??i 215 du TD 125 [??i ??i : compagnie ; TD : Trung ?oàn, régiment viêt-minh].

Le 10 novembre, le chef de bataillon Pierre VITART, nouveau commandant du BMSA, remplace le commandant LACANAL à la tête du sous-secteur de Ban Me Thuot. Le 17 novembre, le lieutenant FAURE est affecté au 4ème BMEO.

Le 15 décembre, une section de la 16/4ème BMEO quitte Kon Plong pour une reconnaissance vers De Solam. Le 19 décembre, sur le chemin de retour, alors que cette section est à 12 km de Kon Plong, elle tombe dans une embuscade par bombe piégée qui blesse grièvement un sous-officier montagnard.



Nota :

[5] En mars 1945, le lieutenant BÉGUÉ était affecté à Thaï Nguyen au II/9ème RIC commandé par le chef de bataillon Gaston MILLE. Il y était l'adjoint du capitaine François MASSÉI, commandant de la 7/II/9ème RIC. Tous trois firent partie de la colonne CAPPONI. A noter également qu'en 1941 à Dap Cau, le lieutenant BÉGUÉ était sous les ordres du lieutenant-colonel MORVAN, alors chef de bataillon du I/3ème RTT.

[6] Le lieutenant Jacques PIERRE et le capitaine Pierre BÉGUÉ, qui le surnommait « Pédro », se connaissaient : ils avaient tous les deux fait partie des Troupes de Chine en 1946.


1950

Ordre de bataille du 4ème Bataillon de Marche d'Extrême-Orient au 1er janvier 1950 :

État-Major Pleiku Chef de bataillon MILLE Gaston Cdt du bataillon et du sous-secteur de Pleiku


Capitaine VALENTIN Raymond Capitaine Adjoint, Cdt du quartier et de la garnison de Pleiku


Capitaine ROUQUIER Eugène Cdt du quartier d'An Khê


Lieutenant LAURY Officier de Renseignement du sous-secteur de Pleiku


Médecin Lieutenant FORESTIER Frézal Médecin-Chef du sous-secteur de Pleiku
CCB 4 Pleiku Lieutenant BOUVIOLLE Cdt de la compagnie


Sous-lieutenant NAY LO Officier de Renseignement du quartier d'An Khê


Adjudant MÉDINA Chef de la section PC de Commandement


Sergent AMÉE Jacques Chef de la section Transmissions (An Khé)


Sergent-Chef GABORIT Louis
Chef de la section Mortiers


Sergent-Chef SORS  Chef de la section Auto


Adjudant-Chef CAILLET Raymond Chef de la section administrative


Médecin Lieutenant MOREL Eugène Médecin-Chef du quartier d'An Khê
13ème Cie Plei Djama Capitaine GILBERT-BIDEAU
Marie-François
Cdt de la compagnie et du quartier


Lieutenant COUDERC Pierre Chef de la section du poste de Plei Groi


Adjudant-Chef JOHNSON Ernest Chef de section


Sergent MARCHAND Edmond Chef de section


Lieutenant CRITTIN Jean Chef de la section
14ème Cie Tu Thuy Capitaine
FONS Paul
Cdt de la compagnie


Lieutenant BAŸT Régis Chef des postes de Cuu An et Hon Cho


Sous-lieutenant BOHRER Marcel Chef de section (Tu Thuy)


Adjudant CHIROL Paul
Chef du poste de Kannak


Adjudant-Chef LABADIOLLE Jacques Chef de section (Tu Thuy)
15ème Cie An Khê Lieutenant JUBIN Constant Cdt de la Compagnie d'Intervention
(Compagnie d'intervention)
Lieutenant CARMINATI Henri Chef de section

Aspirant BOUGAN Charles Chef de section

Adjudant SŒUR Gaston Chef de section


Sergent PINA François Chef de section
16ème Cie Kon Plong Lieutenant PIERRE Jacques
Cdt de la compagnie


Sous-lieutenant DUREY Pierre Chef du poste du Col de Tra My


Adjudant ONOFRI Alcep Chef de section (Kon Plong)


Adjudant-Chef JACQUET Chef de section (Kon Plong)


Sergent-Chef BIRKICHT Chef de section (Kon Plong)
Peloton d'Élèves Gradés   Pleiku Lieutenant FAURE Roger
Directeur du Peloton d'Élèves Gradés

Sergent GUCHEZ Roger Adjoint au Directeur du Peloton d'Élèves Gradés
Compagnie d'Instruction Kontum Capitaine DÉCLIDE Pierre Cdt de la compagnie et du quartier de Kontum

Lieutenant WOLFF Charles Officier Adjoint, chef de la section d'escorte


Médecin Capitaine CARRIER CLÉRAMBAULT Médecin-Chef du quartier de Kontum

A noter que le sous-lieutenant NAY LO, Officier de Renseignement du quartier d'An Khê, est le seul officier autochtone du Secteur autonome des Plateaux en 1950 (Moï de la tribu Djaraï).

Le 1er janvier 1950, le Bataillon Montagnard du Sud-Annam (BMSA), constitué de la Compagnie de Commandement du BMSA, des 1ère et 2ème Compagnies de Marche des Plateaux (CMP 1 et CMP 2) et de la Compagnie d'Instruction est dissous. Cette dernière est de nouveau rattachée au 4ème BMEO. Le 6ème BMEO, sous le commandement du Chef de bataillon VITART, est créé avec Ban Me Thuot comme lieu de stationnement. Les 1e et 2e Cies du 6ème BMEO sont constituées à partir des CMP 1 et CMP 2 ; la 1e Cie (capitaine GROULARD) reste basée à Song Ba M'La et la 2e Cie (capitaine LAGUILLE) à M'Drak. Les 1e et 2e CMSA deviennent respectivement les 3e et 4e Cies du 6ème BMEO ; la 3e Cie (lieutenant TAP) gagne An Khê et la 4e Cie (capitaine BÉGUÉ) rejoint Ninh Hoa. Le 16 mars, il s'en suivra une nouvelle réorganisation : le capîtaine TAP remplace le capitaine GROULARD à la tête de la 1e Cie ; il est lui même remplacé à la tête de la 3e Cie par son adjoint, le lieutenant André RITZINGER.

Suite à la dissolution des CMSA, une quarantaine de volontaires du BILOM en surnombre est restée à Ba N'Goï. Certains d'entre eux sont mutés au 3ème BMEO, d'autres vont rejoindre les rangs du 4ème BMEO, dont le caporal André BRYSSE qui est affecté à Kon Plong à la 16ème Cie. [Cf. le livre de Raymond MUELLE, « Le bataillon des condamnés - Indochine 1949-1950 »].

Le 2 janvier, les aspirants (de réserve) THIÉBAUD et GORAGUER débarquent du Maréchal Foch à Saigon. Michel THIÉBAUD, qui est nommé sous-lieutenant à son arrivée, rejoint la 2/3ème BMEO du lieutenant CUNIBILE ; il y prend la succession du lieutenant MISEROUX comme chef de la 3ème section. De son côté, l'aspirant GORAGUER est affecté à la 4/6ème BMEO du capitaine BÉGUÉ.

Courant janvier, la 2/3ème BMEO du lieutenant CUNIBILE, qui est remplacée à An Khê par la 3/6ème BMEO, quitte le secteur autonome des Plateaux où elle était détachée sous les ordres du lieutenant-colonel MORVAN depuis avril 1949. Toujours détachée du 3ème BMEO, la 2/3ème BMEO est affectée au secteur de Nha Trang, commandé par le chef de corps du 2ème REI, le lieutenant-colonel PELLETRAT de BORDE. Elle rejoint à Ba N'Goï la 4/3ème BMEO du capitaine GARRIGUES. A noter que depuis le 16 juin 1949, le 3ème BMEO est sous les ordres du capitaine Maurice BARTHÉLÉMY. Le chef de bataillon TAVAREZ de TOLENTINO ayant été muté à l'État-Major de la Zone Sud et Plateaux fin mars 1949, le capitaine GUILLERMOU a assuré le commandement par intérim du bataillon entre ces deux dates.

Le 1er février, plusieurs groupes viêt-minhs sont signalés dans la région de Kon Kléang. Des opérations de nettoyage vont se dérouler dans ce secteur jusqu'au 17 février (villages de Mang Buk, Vao Mona...). Elles vont faire intervenir différents éléments venus de Kontum, de Kon Plong, et du col de Tra My ainsi qu'un détachement du district de Dak To, ce dernier aux ordres de l'inspecteur BELOT de la Garde Indigène, le chef du district. Le 7 février, une section de la 13e Cie avait été mise en intervention à Dak Sut.

Le 20 février, une quarantaine de parachutistes du 2e Commando du 1er BCCP (Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes) aux ordres du lieutenant GAUVIN, est larguée en mission « Air-rescue » à l'est de Plei Sro (quartier de Plei Djama). Ils vont récupérer avec succès un lieutenant pilote de Spitfire ayant du sauter en parachute.

En février 1950, des montagnards Hrés qui avaient été incorporés de force dans l'armée populaire viêt-minh se mutinent. Après avoir assassiné les soldats et fonctionnaires qui les encadraient, ils se rapprochent des postes français pour demander leur protection. Parmi ces postes, celui de Kon Plong d'où le lieutenant PIERRE organise rapidement, du 18 au 27 février, une opération visant à analyser la situation et à apporter un soutien immédiat aux Hrés révoltés. Il organise également les volontaires Hré en unité supplétive de partisans. Début mars, le lieutenant-colonel MORVAN se rend brièvement à Kon Plong pour se rendre compte de la situation. A l'initiative du général LORILLOT, va se dérouler à partir du 7 avril l'opération « Adrien », afin de soutenir la révolte Hré et de refouler les troupes viêt-minhs vers la plaine côtière de Quang Ngai.

Le 2 avril, le lieutenant-colonel MORVAN, qui est chargé d'assurer la direction de l'opération, quitte de nouveau Ban Me Thuot pour Kon Plong, sa « base de départ avancée », où il compte rester un mois. Le chef de bataillon MILLE prend le commandement du Groupement Mobile spécifiquement créé :

  • Détachement A : éléments du 4ème BMEO, appartenant à la CCB 4, à la 13e et à la 16e Cie, aux ordres du lieutenant PIERRE.
  • Détachement B : 3e Cie du 2ème BEP (Bataillon Étranger de Parachutistes) du lieutenant VERGUET.
  • Détachement C : Compagnie de Marche du 1er BCP (Bataillon de Chasseurs Parachutistes) du lieutenant Louis d'HARCOURT.
  • Détachement D : Compagnie de Marche du sous-secteur de Ninh Hoa aux ordres du capitaine BÉGUÉ ; celle-ci est constituée d'éléments du 6ème BMEO et du II/2ème REI : deux sections de la 4/6ème BMEO (aspirant GORAGUER), deux sections du III/2ème REI (lieutenant Henri OLIVIER), à savoir une section de la 9e Cie et une section de la 10e Cie, et une section de commandement constituée à partir d'éléments des deux unités. [En février 1950, le lieutenant OLIVIER a pris le commandement de la 10e Cie du 2ème REI, et ce pour une durée de deux ans].
  • Détachement E : PC du Groupement et antenne chirurgicale (médecin-capitaine René-Pierre CARRIER CLÉRAMBAULT, médecin-chef du quartier de Kontum, et médecin-lieutenant Henri BÈZES de l'hôpital militaire Le Flem de Saigon, assistés par deux infirmières).

Du point de vue des moyens radio, chaque détachement est équipé d'un poste SCR 300 et d'un poste SCR 694 (deux pour le PC du groupement).

En complément des troupes régulières (environ 600 hommes dont 210 Montagnards), le Groupement Mobile comprend également les partisans Hrés, peu formés, au nombre de 150. La logistique est assurée par 40 mulets de la Compagnie Mixte de Transport du Sud-Annam (lieutenant PELÈGE) et près de 350 « coolies ».

Du 7 au 13 avril, le groupement fait mouvement depuis Kon Plong vers le village de Gilang : itinéraire par Vitiong, Viklum, Vipée, Dak Xérong, Monit, puis la vallée du Song Ré jusqu'à Ta Ma, et enfin Gilang. Au cours de cette progression les éléments de tête échangent quelques coups de feu avec des soldats viêt-minhs.

Dès le 14 avril, des travaux sont entrepris à Gilang afin d'aménager un terrain d'atterrissage pour Morane et une DZ (zone de parachutage), et d'y fixer l'antenne chirurgicale. Du 14 au 21 avril, diverses opérations depuis Gilang vont être menées en direction de Quang Ngai, lesquelles vont coûter la vie à plusieurs légionnaires du 2ème BEP et du 2ème REI près des villages de Ky Mao et de Cau N'Guyen, ainsi qu'au col de Gilang. Le 20 avril, le général LORILLOT, en provenance de Kontum, atterrit à Gilang pour s'entretenir avec le lieutenant-colonel MORVAN et le chef de bataillon MILLE de la possibilité d'occuper définitivement le pays Hré.

Le 22, décision est prise par le général LORILLOT d'abandonner toute occupation du pays Hré. Le commandant MILLE décide donc d'ordonner le décrochage et le repli vers Gilang des différents détachements, d'autant plus que les forces viêt-minhs qui ont reçu des renforts menacent de s'infiltrer et de déborder Gilang. (Celles-ci sont estimées à au moins cinq bataillons, soit plus de 4 000 hommes). Le 24, une section de la compagnie du 1er BCP tombe dans une embuscade à 2 km à l'est de Gilang, laquelle fait quatre morts dans ses rangs dont le chef du détachement, le lieutenant Paul MONTIGGIANI. [Cf. le livre de Georges FLEURY « Adieu Sergent »]. Ce même jour dans l'après-midi, l'évacuation des blessés graves par avion étant terminée, l'antenne chirurgicale et le PC sont les premiers à décrocher vers Ba Mao, puis Vimang, Dak Po Key, Dak Breh, Mang Buck, Dak Xia, Kon Kum, et enfin le 30 avril, au bout d'une piste qui aura été extrêmement harassante, le poste de Kon Plong.

Le bilan humain de l'opération « Adrien » est de treize tués, trois disparus et vingt-sept blessés pour le Groupement Mobile et de cent cinquante tués dénombrés pour le Viêt-Minh.

Concernant le 4ème BMEO, outre le lieutenant PIERRE, on note la participation à cette opération des adjudants François KHANH et René TAILLOLE (responsable des transmissions du sous-secteur de Pleiku), du caporal-chef Louis SANSONNETTI (fonctionnaire sous-officier chargé du Service du Chiffre du sous-secteur de Pleiku, arrivé dans le secteur en février 1948), tous trois de la CCB 4 ; de l'adjudant Roger BÉDOURÈDE de la 13e Cie ; du lieutenant Pierre DUREY, de l'adjudant ONOFRI, du sergent-major DELACROIX, du sergent-chef Alain CANÉVET [parfois orthographié CANIVET ou CANNIVET dans les documents du 4ème BMEO] et du soldat GÉRARD de la 16e Cie ; et enfin du caporal CORDIER dont la compagnie n'est pas précisée.

En marge de l'opération « Adrien », le sergent Jean LE LIVEC est tué le 15 avril lors d'une embuscade ennemie à deux kilomètres du poste du col de Tra My.

Dans la foulée de l'opération « Adrien », alors que les premières pluies de la mousson s'abattent sur la région, le lieutenant-colonel MORVAN organise du 8 au 12 mai une deuxième opération sous son commandement direct (opération « Gien »). Cette opération, qui met en œuvre un Groupement Mobile constitué des 15e et 16e Cie du 4ème BMEO et de la Compagnie de Marche du 1er BCP complétée par une section du Peloton d'Élèves Gradés, a pour objectifs de chasser le Viêt-Minh du hameau de Gia Vuc afin d'y installer un poste à proximité et de recruter des partisans. Le temps de l'opération, la Compagnie de Marche de Ninh Hoa du capitaine BÉGUÉ relève la 15/4ème BMEO du lieutenant JUBIN dans son cantonnement d'An Khé. L'opération « Gien » est un échec relatif : la région a été trouvée vide de tout élément ennemi significatif, mais le manque de pistes, même muletières, rend difficile l'implantation d'un poste qui se retrouverait complètement isolé, ne pouvant être secouru dans les délais voulus en cas d'attaque.

[Il ne m'a pas été possible de savoir si le caporal-chef Maurice MILLOUR avait participé de manière effective à l'une ou l'autre de ces deux opérations. On peut cependant mentionner que dans l'album de Maurice se trouvait une photo, d'une qualité plus que médiocre, très semblable à l'une des photos du livre de Georges FLEURY « Adieu Sergent », cette dernière sensée représenter le retour à Kon Plong des troupes ayant participé à l'opération « Adrien » : en arrière plan le poste de Kon Plong, au premier plan des soldats sur la piste menant au poste. Les cadrages et angles de vue de ces deux clichés sont très similaires, malheureusement, ni leurs origines, ni leurs dates de prise de vue ne sont connues].

Suite à l'opération « Adrien », il est décidé d'organiser en unité structurée une partie des partisans Hré. Cette démarche va conduire mi-juin à la création à Kon Plong de l'USM 26 (USM : Unité Supplétive Militaire), d'un effectif équivalent à celui d'une compagnie. Son armement initial est de deux FM Bren et d'une centaine de fusils. [Il semble qu'il s'agissait initialement de fusils Lebel de calibre 8 mm, lesquels auraient été rapidement remplacés par des fusils Lee-Enfield .303]. Mi-juillet, l'encadrement de l'USM 26 consiste en trois sous-officiers européens. Cette unité sera ultérieurement renforcée en armes automatiques et transformée en CCS 26 (CCS : Compagnie de Commandos Supplétifs).

Fin mai 1950, le 2ème classe René RIESEN du corps expéditionnaire débarque du Pasteur. Il est envoyé en Indochine dans le cadre du BILOM. Comme d'autres éléments du BILOM qui ont été mutés avant lui dans des unités du Sud-Annam et des plateaux moïs, il est affecté courant juin au 4ème BMEO. [Cf. le livre de René RIESEN, « Mission spéciale en forêt Moï »]. RIESEN est rapidement transféré à la compagnie du lieutenant PIERRE au poste de Kon Plong. [RIESEN décrit ainsi cet officier de trente-deux ans, ancien de la colonne ALESSANDRI : « De taille moyenne, brun, le visage énergique et bronzé, l'abord froid, le regard perspicace et le geste mesuré le désignent immédiatement comme un chef ». A noter que RIESEN parle du capitaine PIERRE, mais en juin 1950, celui-ci est encore lieutenant]. Les partisans de l'USM 26 sont commandés par le lieutenant Maurice RICHARD ; troisième et dernier officier du poste : le lieutenant DUREY.

Lorsque RIESEN arrivé à Kon Plong, le caporal-chef Maurice MILLOUR fait toujours partie des effectifs du poste : des cartes postales envoyées à ses parents attestent en effet qu'il y sera encore présent en octobre 1950 et février 1951. Il n'est donc pas surprenant qu'il y ait croisé René RIESEN.

Le lieutenant PIERRE confie à RIESEN la mission d'encadrer les volontaires Hrés, de les instruire à la guérilla et de former des groupes d'autodéfense [également dénommés « milices » ou « goums »] dans les villages Hrés, lesquels contrôlent les vallées donnant accès à la Mer de Chine. René RIESEN va passer plusieurs années avec les Hrés, considérés avec les Sédangs comme les plus belliqueuses des tribus montagnardes, devenant leur chef de guerre sous le nom de « Ba Tamoï » (le père des Moïs), ou encore « Ba tchiac gaho tabouac » (le père aux cheveux blancs). Une des premières missions de RIESEN consiste à pré-implanter une unité de partisans dans le village de Kon Pong, à une vingtaine de kilomètres au sud de Kon Plong, dans le but d'y créer un poste et d'y lever une milice. Le contrôle de ce village est en effet très important pour la 16/4ème BMEO puisqu'il couvre, sur le nord, la position de Kon Plong et, vers l'ouest, la redoute de Kon Braih sur l'axe routier joignant Kontum et Kon Plong.

Le 10 juin 1950, le caporal-chef Gilbert REUILLE embarque à bord de l'Athos II à destination de Marseille. 

Au mois de juin, de nombreux travaux d'amélioration des pistes sont entrepris dans le sous-secteur de Kon Plong, que ce soit au sud vers Kon Braih ou au nord vers Kon Kléang ou Gia Vuc.

Le 1er juillet, un an après sa nomination au grade de caporal-chef, et après s'être de nouveau rengagé pour une durée de deux ans à compter du 1er juin 1951, Maurice MILLOUR est nommé sergent. Souffrant du typhus, il est hospitalisé à cette même époque à l'hôpital de Kontum. A Kon Plong, l'état sanitaire de la troupe est pourtant relativement bon : quelques crises de paludisme soignées avec de la quinine, du thé et du repos, du scorbut soigné avec du riz complet et des fruits et quelques cas de Béribéri. Maurice reçoit le 19 juillet la visite du lieutenant-colonel Jean MORVAN, en tournée d'inspection avec le colonel VALLIER, le nouveau commandant de la zone du Sud Annam et des Plateaux. Le lieutenant-colonel MORVAN trouve Maurice très affaibli, bien qu'étant sorti d'affaire, et pense que sa convalescence sera longue.

Du 20 juin au 13 juillet, la 2/3ème BMEO du capitaine CUNIBILE, nouvellement promu, participe à l'opération « Eugène » dans le massif du Dong Bo, sous le commandement du chef d'escadron GIORDANO, commandant le sous-secteur de Khanh Hoa. Sont également impliqués dans cette opération des éléments de la 4/3ème BMEO, du 6ème BMEO et du 2ème REI, ainsi que, du 8 au 11 juillet, le 1er BCCP. Le 12 juillet, la 3ème section de la 2/3ème BMEO du sous-lieutenant THIÉBAUD est sérieusement malmenée : trois tirailleurs sont tués, le sous-lieutenant THIÉBAUD est touché par une rafale qui lui laboure la jambe droite, le caporal-chef CHENU prend une balle dans la main gauche et son tireur de FM est blessé aux chevilles. Ces trois blessés vont néanmoins pouvoir être évacués de la zone des combats, en particulier grâce au caporal MORANVILLE de la 1ère section (lieutenant ESPARBET), grand ami de CHENU, qui a momentanément quitté sa section pour venir lui donner un coup de main. André MORANVILLE se souvient qu'André CHENU n'était pas tant désolé par sa blessure que par la perte de son chapeau de feutre australien « zoulou », héritage de la 1ère BMEO formée en Australie en 1945 : outre sa blessure, six autres impacts seront touvés sur lui, dont deux dans son chapeau de brousse ! Les blessés vont être hospitalisés pendant près de deux mois à l'hôpital de Nha Trang ; ils y retrouvent le sergent Noël RICHARD qui, malade, y est également hospitalisé. A sa sortie de l'hôpital, le sous-lieutenant THIÉBAUD passe à la 3/3ème BMEO du lieutenant HOAREAU basée à Phan Ri ; en 1951 il sera de nouveau muté dans les Hauts Plateaux à la 1/3ème BMEO du lieutenant KERDAVID, toujours comme chef de section.

Le 16 juillet, le capitaine Raymond LAMOUR, officier adjoint du 6ème BMEO, part en opération avec un détachement vers Buon Bra. Le 19 juillet, une troupe de viêt-minhs les ayant encerclé pendant la nuit dans le village de Buon Hol, le capitaine LAMOUR ayant lui-même saisi un FM tente de forcer le passage avec quelques supplétifs, action au cours de laquelle il est tué. Les forces viêt-minh étant estimées à plusieurs compagnies, le lieutenant-colonel MORVAN décide de monter immédiatement une nouvelle opération [opération « Darlac » ou « Victor » ?] en faisant appel à de nouveaux renforts. Parmi ceux-ci, la 15/4ème BMEO (lieutenant JUBIN) qui va opérer en liaison avec des éléments du 1er BCCP aux ordres du capitaine DENIS. La prise de contact avec les viêts-minhs est effectuée en direction de Buon Bra et de Buon Marik ; il s'ensuit de durs combats. Pour se dégager, les troupes françaises doivent demander le support de l'aviation. Cette action se solde pour le 4ème BMEO par un blessé grave, le sergent PINA. L'adjudant MARCHAND, qui accompagnait le capitaine LAMOUR et qui avait été porté disparu le 19 juillet, parvient à regagner Buon Bra le 25 juillet.

Le 31 juillet, le capitaine CUNIBILE rejoint M'Drak depuis Ninh Hoah pour participer à cette même opération à la tête d'un groupement constitué de sections de sa compagnie (2/3ème BMEO) complétées par des éléments de la 4/3ème BMEO, et de la compagnie d'intervention du II/2ème REI commandée par le lieutenant ALQUIER-BOUFFARD. Ce groupement est ponctuellement renforcé par la 2/6ème BMEO du lieutenant Robert LE CARPENTIER de SAINTE OPPORTUNE, commandant du quartier de M'Drak, et par une compagnie commandée par le lieutenant OLIVIER [10/III/2ème REI ?]. C'est au cours de cette opération que, le 12 août, le lieutenant LE CARPENTIER de SAINTE OPPORTUNE tombe dans une embuscade au col des Bananiers, à cinq kilomètres du poste de Buon Hai en direction de M'Drak. Outre le lieutenant, la quasi totalité du groupe de combat de la 4/3ème BMEO qui l'escortait est tuée, dont son chef, le sergent-chef Henri DUCROS.

Fin août, le capitaine TAP est nommé à la tête du sous-secteur d'An Khê, en remplacement du commandant ROUQUIER. Il laisse le commandement de la 1/6ème BMEO au lieutenant Théodore de FALLOIS.

Au 3ème BMEO, le capitaine AVELINE remplace depuis le 16 mars 1950 le capitaine BARTHÉLÉMY qui a été nommé commandant et est parti rejoindre le bataillon de Corée. Le 1er septembre, le capitaine CUNIBILE laisse le commandement de la 2/3ème BMEO au lieutenant LE GOFF ; il quitte l'Indochine le 19 septembre par avion. Une semaine plus tard, le sergent BEAUCHAMP quitte également la 2/3ème BMEO : il embarque le 26 septembre à Saigon à destination de Marseile. Courant septembre, le sergent Noël RICHARD, qui est lui aussi toujours à la 2/3ème BMEO, est nommé à la CCB du bataillon. Le 14 octobre, accompagné des caporaux-chefs André CHENU et Raymond MARIS, il quitte Nha Trang par voie ferrée pour rejoindre Phan Ri, siège de la CCB 3. Il restera au 3ème BMEO jusqu'au 12 février 1951, date à laquelle il sera rapatrié sanitaire.

Suite à l'opération Adrien, les postes français au Nord de Kontum sont confrontés à un afflux massif de volontaires Hrés. Il est donc été décidé, en complément de l'USM 26 de Kon Plong, de créer de nouvelles compagnies de supplétifs. En septembre, huit nouvelles compagnies Hré ont été constituées ou sont en cours de l'être : six d'entre elles mises à la disposition de l'Inspecteur BELOT et les deux autres, les 6e et 7e Cies Hré, compagnies à trois sections et effectifs de 120, rattachées au sous-secteur de Kon Plong. Ces deux dernières compagnies, qui sont donc sous les ordres du lieutenant PIERRE, ont pour mission d'étendre les actions de guérilla sur le Haut Song Ré ainsi que dans la vallée de Ba To et la plaine de Minh Long. En complément des compagnies Hré, il est également créé une compagnie Sedang à cinq sections et effectif de 190 hommes rattachée au groupement BELOT. L'armement de ces compagnies est constitué de quelques FM Bren et de fusils Lee-Enfield .303.

Le 25 septembre, le lieutenant-colonel PELTIER succède, à la tête du Secteur autonome des Plateaux, au lieutenant-colonel MORVAN qui quitte définitivement l'Indochine pour la France. Le 1er décembre, le « Secteur autonome des Plateaux » devient le « Commandement militaire des Plateaux » : réunion des secteurs autonomes du Haut Donnai et des Plateaux. Le Commandement militaire des Plateaux, dont le PC est à Dalat, est articulé en deux secteurs : le « Secteur des Plateaux » dont le PC est à Ban Me Thuot (lui-même constitué des deux sous-secteurs de Ban Me Thuot et de Pleiku) et le « Secteur du Haut Donai », dont le PC est également à Dalat. Le colonel Robert DIDELOT est nommé à la tête du Commandement militaire des Plateaux. Le Secteur des Plateaux reste sous le commandement du lieutenant-colonel PELTIER.

Au mois de septembre, des pluies torrentielles tombent sur le sous-quartier de Kon Plong, provoquant des inondations, noyant les pistes et emportant quelques ponts. Au mois d'octobre, les intempéries sont telles qu'elles rendent impossibles toutes sorties et tous travaux. Néanmoins, globalement, au cours du second semestre 1950 les incursions en zone viêt-minh des partisans de Kon Plong se sont s'intensifiées, qu'il s'agisse de reconnaissances effectuées par des petites unités commandées par des sous-officiers autochtones, ou de missions effectuées par des détachements de tailles plus conséquentes encadrées par des européens : lieutenants DUREY, RICHARD et GILOT, adjudant-chef JACQUET. [Le lieutenant Yves GILOT sera tué en juin 1952 alors qu'il est toujours au 4ème Bataillon Montagnard].

Le 17 novembre, après six mois de prolongation de séjour sur demande du lieutenant PIERRE, le caporal BELLEI est rapatrié depuis Saigon. M. Raymond BELLEI, qui était donc l'infirmier du poste de Kon Plong entre avril 1949 et octobre 1950, se souvient bien de Maurice qui y a assuré les fonctions de radio et avec lequel il est souvent sorti en mission, lui tournant la manivelle de la magnéto lors des transmissions. Il a gardé le souvenir d'un très bon camarade, d'un calme olympien et peu bavard, mais brave et efficace.

Le 26 octobre, le caporal-chef MORANVILLE de la 2/3ème BMEO a embarqué à Saigon à bord du cargo Yang Tsé, à destination de Marseille.

Au cours du troisième trimestre, le capitaine GROULARD est muté au 4ème BMEO ; il y prend les commandement de la Compagnie d'Instruction de Kontum. Le 12 décembre, le capitaine BÉGUÉ quitte Ninh Hoa et le commandement de la 4/6ème BMEO pour l'État-Major du Secteur des Plateaux. Il est remplacé à la tête de sa compagnie par le capitaine Michel THIÉRY. 

Au cours de l'année 1950, dans le Sud-Annam, la pacification a bien avancé. Les troupes régulières viêt-minh du lien khu V ont dû cesser toute opération d'envergure et détacher provisoirement des compagnies autonomes dans les provinces de Khanh Hoa, Ninh Thuan et Binh Thuan pour y reconstituer les unités régionales qui ont subi les attaques des forces françaises. Sur les plateaux où le Viêt-Minh tente de s'infiltrer, l'opposition séculaire entre Moïs et Vietnamiens suffit à assurer la sécurité. Cependant, le commandement français doit borner son ambition à maintenir les résultats acquis, faute de moyens.


1951

Le 1er janvier 1951, les 3ème, 4ème, 5ème et 6ème Bataillons de Marche d'Extrême Orient deviennent respectivement les 3ème, 4ème, 5ème et 6ème Bataillons Montagnards Vietnamiens. (Le sergent Maurice MILLOUR se retrouve donc muté au 4ème Bataillon Montagnard). La Compagnie d'Instruction des Bataillons Montagnards est dissoute, ainsi que le Groupement des Commandos Montagnards des Plateaux (créé le 31 octobre 1950 et constitué de quatre compagnies de commandos, numérotées de 1 à 4, issues du IV/2ème REI), lequel donne naissance au 1er Bataillon Montagnard Vietnamien.

Le 1er janvier 1951 également, le lieutenant Constant JUBIN est nommé au grade de capitaine.

A la date du 1er janvier, le journal de marche et des opérations du 4ème Bataillon Montagnard donne l'ordre de bataille suivant :

État-Major Pleiku Chef de bataillon MILLE Gaston Cdt du bataillon et du sous-secteur de Pleiku


Lieutenant LAURY Officier de Renseignement du sous-secteur de Pleiku
CCB 4 Pleiku Capitaine ARMAND Louis Cdt de la compagnie


Adjudant-Chef MÉDINA Chef de la section PC de Commandement


Adjudant VITEAU Robert Chef de la section Transmissions


Sergent-Chef GABORIT Louis
Chef de la section Mortiers


Sergent-Chef SORS Chef de la section Auto


Adjudant-Chef CAILLET Raymond Chef de la section administrative


Médecin Lieutenant MOREL Eugène Médecin-Chef du quartier d'An Khê
13ème Cie An Khê Lieutenant COUDERC Pierre Cdt de la compagnie et du poste de Cuu An
(1 section à An Khê
2 sections à Cuu An,
1 section à Déo Mang)
Lieutenant SALAÜN Émile
Chef de la section
Sergent-Chef DUPONT Lucien Chef de section
Sergent-Chef BELLINGER Vincent Chef de section
Sergent-Chef GUILBAUD Marcel Chef de la section
14ème Cie An Khê Lieutenant BAŸT Régis Cdt de la compagnie
(Compagnie d'intervention)
Lieutenant BOHRER Marcel  Chef de section 

Sergent-Chef DE REGARD DE VILLENEUVE  Jean Chef de section 

Sergent-Chef LE BÉCHENNEC Lucien Chef de section 


Adjudant BLUH
Chef de section 
15ème Cie Tu Thuy Capitaine JUBIN Constant Cdt de la Compagnie et du sous-qaurtier Nord d'An Khê
(5 GC à Tu Thuy,
2 sections et 1 GC à Kannak
)
Lieutenant CARMINATI Henri Chef de section
Sergent-Chef COURTIN Jean
Chef de section
Sergent-Chef RONDEAU Samuel
Chef de section
Sergent FORGUES Louis
Chef de section
16ème Cie Kon Plong Capitaine PIERRE Jacques
Cdt de la compagnie et du sous-quartier de Kon Plong


Lieutenant DUREY Pierre Chef de section


Adjudant ONOFRI Alcep Chef de section


Sergent-Chef CANÉVET Alain Chef de section


Sergent PETIT Léonard Chef de section
Compagnie d'Instruction Kontum Capitaine GROULARD Aristide Cdt de la compagnie et du sous-quartier de Kontum

Lieutenant BOUVIOLLE Adjoint au Cdt de la compagnie

Les troupes chargées de la sécurité militaire du Secteur des Plateaux sont :

Parmi ces dernières, on peut noter les unités structurées en compagnies et regroupées au sein de l' « Action Hré », sous le commandement du Résident de France RINER secondé par l'inspecteur principal Aimé BRUTUS. Ces compagnies, au nombre de dix et dont les effectifs varient de 100 à 150 hommes, totalisent désormais 1 270 partisans armés. Elles sont articulées en trois groupements complétés par une compagnie d'intervention :

Le 5 février, la 5ème Compagnie du II/2ème REI arrive par avion en renfort à Ban Me Thuot.

Le 31 décembre, l'autodéfense « Petits Hrés » dans la région de Mang Mou / Mang Rha (vallée du Song Ré), forte d'un FM, de trois PM et de cent soixante fusils, avait été enlevée par les viêt-minhs suite à la trahison de la majeure partie de ses partisans. [Il doit s'agir de la 7ème Compagnie Hré]. Courant janvier, des renseignements confirmés par des patrouilles indiquent la présence de 400 viêt-minhs du côté de Mang Mou et de Mang Rha, et de 1 200 autres dans la cuvette de Gia Vuc. Le chef de bataillon Gaston MILLE décide alors d'organiser l'opération « Omer » dont la mission est d'effectuer un coup de main sur la zone concernée, de récupérer tout ou partie des armes perdues et de recueillir des renseignements en vue d'une éventuelle reprise en mains des villages de Mang Mou et de Mang Rha. Le 5 février au soir, les éléments participant à l'opération sont rassemblés à Kon Plong :

  • Éléments de commandement (une section),
  • 16/4ème Bataillon Montagnard (trois sections de la 16e Cie complétées par une section de la CCS 26),
  • 14/4ème Bataillon Montagnard (deux sections de la 14e Cie complétées par une section de la CCS 26),
  • Commando n°4 (trois sections).

Chacun de ces quatre éléments est armé d'un mortier de 60 mm et de postes radio SCR 694. La logistique est assurée par 200 « coolies ».

Du 6 au 11 février, sous un climat éprouvant alternant pluie et chaleur, les hommes du commandant MILLE vont arpenter la vallée du Song Ré et les crêtes avoisinantes, sans résultat significatif : l'ennemi est insaisissable, la population peu coopérative semble être entièrement sous contrôle viêt-minh, aucune arme n'a pu être retrouvée.

[Je n'ai pas de preuve tangible me permettant d'affirmer que Maurice a participé à cette opération. Néanmoins, le 5 février, la veille donc du départ des hommes du 4ème BM de Kon Plong, il écrit depuis ce même poste une carte postale à ses parents leur indiquant qu'il n'a pas beaucoup de temps et qu'ils ne doivent pas s'inquiéter s'ils ne reçoivent pas de ses nouvelles...].

Le 10 mars 1951, le lieutenant RITZINGER, commandant de la 3ème Cie du 6ème Bataillon Montagnard, ainsi que le sergent-chef Roger PASTRE qui l'accompagnait, sont tués à proximité du poste de Plei Djama.

Courant mars, le capitaine JUBIN et le lieutenant BAŸT sont rapatriés vers la Métropole à bord du Pasteur. Le lieutenant CARMINATI, adjoint du capitaine JUBIN, le remplace à la tête de la 15/4ème Bataillon Montagnard.

Le 15 mars, le général LECOQ prend le commandement militaire des Pays Militaires du Sud (PMS) et de la 4ème Division Vietnamienne en formation. Le 1er avril, il s'ensuit une nouvelle réorganisation : le « Secteur des Plateaux » reprend la dénomination de « Secteur de Ban Me Thuot » constitué des sous-secteurs de Pleiku et de Ban Me Thuot, ce dernier étant rebaptisé « Sous-secteur du Darlac ». Le quartier de Kontum est détaché du Secteur de Ban Me Thuot et devient le « Sous-secteur autonome de Kontum », directement rattaché aux PMS, dont le capitaine FRICAUD-CHAGNEAU prend le commandement.

Au premier trimestre, les patrouilles se sont succédées depuis Kon Plong, notamment pour assurer la sécurité des travaux effectués par le Génie sur la route de Kon Braih. A partir de fin février / début mars, avec la fin de la saison des pluies, les viêt-minhs se montrent plus incisifs :

Le 27 février, le lieutenant GILOT localise près de Kon Xeleng l'emplacement d'un camp viêt-minh. Ce camp est détruit le 3 mars par un détachement de trois sections commandé par le capitaine PIERRE.

Le 29 mars, vers 02h00 du matin, au lendemain d'un gros orage de grêle, 400 à 500 combattants viêt-minhs prennent d'assaut le village de Kon Pong. Le point d'appui est alors tenu par la 2ème section du sergent-chef CANÉVET, qui a relevé la 4ème section quelques jours plus tôt, et par les vingt-trois goumiers du village. Les armes collectives des défenseurs consistent en trois fusils-mitrailleurs et un mortier de 50 mm. Les viêts-minhs sont quant à eux armés de quatre FM, de deux mortiers légers et d'un lance-bombes PIAT. Les défenseurs submergés vont néanmoins réussir, sous la conduite du sergent FIÉVEZ et du soldat ÉVEN, à décrocher progressivement et à se replier partie sur Kon Plong, partie sur Kon Braih. Leurs pertes sont de trois morts, dont le sergent-chef Alain CANÉVET blessé dès le début des combats, et de quatre blessés sérieux. Les viêts-minhs, dont les pertes seraient de cinq tués et de trente blessés brancardés, se replient dès la fin des combats, permettant ainsi aux forces françaises de revenir s'installer à Kon Pong.

Au mois de mars, il est décidé que l'Action Hré ne sera plus gérée par les autorités civiles, mais par les militaires. Le 4 avril, le lieutenant ROUQUETTE prend donc la succession du Résident RINER à la tête de l'Action Hré. Le 1er mai, le GCMA (Groupe de Commandos Mixtes Aéroportés) des Hauts-Plateaux, avec à sa tête le capitaine HENTIC, est créé à partir des partisans de l'Action Hré. [Cf. le livre de Pierre HENTIC, « Tant qu'il y aura des étoiles - Tome II : Partisans »]. A cette date, les compagnies du Groupement Nord sont rattachées, au titre de goums d'autodéfense, au GC 4 de la Garde Montagnarde (4ème Groupement de Compagnies) du garde principal GUIDON-LAVALLÉE et directement actionnées depuis Dak Gley ; elles sont donc laissées en dehors du périmètre du GCMA. Le capitaine HENTIC va rapidement émettre un jugement nettement moins euphorique sur l'Action Hré que celui qui avait prévalu jusqu'alors. Outre la défection de l'autodéfense « Petits Hrés » du Groupement Sud, les forces du Groupement Centre se présentent plus comme des bandes armées en uniformes que comme des unités structurées. La motivation de ces groupes et leur valeur militaire paraissent faibles, pour ne pas dire nulles. De plus, l'honnêteté de certains de leurs chefs semble assez relative (l'adjudant MÉO, chef de la 6ème Compagnie, sera rapidement destitué pour brigandage). Avec quatre officiers et une dizaine de sous-officiers, la mission initiale du capitaine HENTIC est de restructurer et remotiver les éléments combattants des Hauts-Plateaux. Parmi les effectifs européens de l'Action Hré, la plupart étant arrivés en fin de séjour et rentrant en métropole, seuls les gardes principaux LAFORGE et GIACOMELLI, le sergent LETELLIER et le caporal RIESEN rejoignent le GCMA du capitaine HENTIC.

Courant avril, après avoir passé cinq années en Zone Sud, le 3ème BM rejoint les Plateaux où il avait été recruté et formé.

Le 7 mai 1951, après trente-sept mois en Indochine (dus à deux demandes de prolongation de séjour de six mois accordées), le sergent Maurice MILLOUR embarque à Saigon sur le Pasteur, à destination de Marseille où il accoste le 25 mai.

Fin juin, la 16/4ème BM quitte définitivement Kon Plong : elle fait mouvement vers Plei Djama pour y relever la 3/6ème BM. Elle est remplacée à Kon Plong par la 2ème Cie du 5ème Bataillon Montagnard. (Pendant un moment il a été question que la 16/4ème BM soit relevée une unité du GC 4 de la Garde Montagnarde d'un effectif de cent Montagnards encadrés par trois Européens, mais, compte tenu du déficit en hommes, en moyens et en compétences que cette solution présentait, elle a finalement été abandonnée au profit de la 2/5ème BM).

En août 1951, le Viêt-Minh lance des opérations contre les postes français dans le nord des Hauts-Plateaux : le 6 août, le TD 108 fait sauter le poste de Kon Plong. Attaquée de nuit, la garnison constituée d'une compagnie régulière de cent vingt hommes, est totalement détruite ou faite prisonnière : il n'y a que dix à quinze rescapés. Parmi les victimes de cette attaque : le capitaine François DUCHET, le sergent-major Robert GEOFFROY et le sergent-chef Jacques POTEL, tous trois du 5ème BM, ainsi que le garde Charles BRIANÇON de la 2ème LMGR (Légion de Marche de la Garde Républicaine). Le commandement local, à court de moyens, demande l'intervention du GCMA du capitaine HENTIC en attendant l'arrivée du 2ème BEP (Bataillon Étranger de Parachutistes) mis en mouvement depuis le Tonkin (parachutage du bataillon sur Kontum entre le 8 et le 10 août au cours duquel le capitaine Robert KALCK, l'adjoint du chef de bataillon RAFFALI, est accidentellement tué). Le 8 août, le 3ème Bataillon Montagnard au complet sous le commandement du chef de bataillon AVELINE est également appelé à la rescousse. Quand il arrive à Kon Plong le 17 au soir, le 3ème BM trouve le poste abandonné depuis peu les viêts. Ordre lui est donné de rejondre Kontum à compter du 19 août, sans laisser d'élément à Kon Plong. Les combats dans la région vont continuer jusqu'au 20 août : le 14, les viêts-minhs attaquent le poste de Kon Braih et le 15 celui de Kon Pong.

Au cours du deuxième trimestre de l'année 1951, le commandant MILLE a laissé le commandement du 4ème Bataillon Montagnard au chef de bataillon PETIT. En octobre 1951, le chef de bataillon Angel GRUPPO succède au commandant AVELINE à la tête du 3ème Bataillon Montagnard, dont la CCB et le PC sont alors basés à Chéo Réo ; il ne reste plus dans celui-ci, outre les officiers encadrant le bataillon, que trois ou quatre caporaux français issus du 3ème BMEO, lesquels, leurs contrats arrivant à échéance, quitteront l'Indochine dans les semaines suivantes.


A la DGER au Laos :
« Michel MOREAU »
1953 / 1954
21ème RIC